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1499 -- DE MADAME DE COULANGES A MADAME DE GRIGNAN.

A Ormesson, le 25è septembre,

J'entends fort bien parler, Madame, de la sagesse de Chambon : ainsi j'espère que son ressentiment ne l'obligera point à quitter Paris, où il rétablira mieux le tort que sa prison a fait à ses affaires qu'en lieu du monde. Vous ne connoissez plus la cour, de croire qu’on a pu lire sa justification : on ne liroit pas un billet de deux lignes, de quelque importance qu`il put être. Vous avez été instruite du beau procédé, de M. de Chamillart à l’égard de M. Desmarets[1], et des raisonnements du public : ainsi Madame, `je ne vous parlerai plus de cette vieille nouvelle ; mais Je ne veux pas perdre un moment à vous dire l'état où est Mme de Lesdiguières, dont je vous croyois bien informée : son mal a été une dyssenterie très-violente, et son médecin un Suisse qui a tué, ou du moins avancé la mort de M. de Chaulnes par un breuvage qu’il lui donna[2] ; cependant Mme de Lesdiguiéres ne vouloit voir aucun autre médecin ; enfin il y a six jours que Mme la marécbale de Villeroi lui mena de son autorité Helvétius, qui ne la trouva point en état

  1. LETTRE 1499. -- 1. Il venait de le faire rentrer en grâce. Voyez le Journal de Dangeau, aux 14 et 19 septembre r7o’3, et une longue addition de Saint—Simon à la seconde de ces dates. Desmarets avait été accusé de friponnerie, et forcé de vendre ses charges d’intendant des finances et de maître des requêtes ; il y avait vingt ans qu’il n’avait eu permission de voir le Roi.
  2. 2. Il parait que le duc de Chaulnes fut soigné par un nommé Aignan, qui avait été capucin. C’est ce que nous apprend, entre autres p. 93, un petit volume qui a pour titre Observations critiques sur un livre du sieur Aignan intitulé l’Ancienne médecine à la mode, adressées à Mme de C***, Paris, 1702 (par de la Marre, comme il est dit dans le privilège, daté du 18 décembre 17OI ).