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caractère de Mme de la Fayette, très-offensan1t par la tourner tres-finement en r1d1cule[1]. Je le trouvai quatre jours avant sa mort avec la comtesse de Gramont, et je l’assurai que je passois toujours cet endroit de ses Mémoires. Les caractères de tous les ministres y sont merveilleux ; l'histoire de Mme de Saint-Loup et de la croix [2] y est narrée dans le point de la perfection. Vous m’allez demander sion ne peut point avoir un aussi aimable ouvrage[3] non, Madame, on ne le verra plus, et en voici la raison ; Gourville y parle de sa naissance avec une sincérité parfaite, et son neveu [4]n`est pas un assez grand homme pour soutenir une chose aussi estimable à mon gré.

Ma sœur est présentement à Bruxelles ; je lui manderai que vous lui faites l`honneur de vous souvenir d’elle. Notre nouvelle mariée me vint voir hier ; c`est une femme très-vertueuse, et qui donne de très—agréables alliances à son mari, et une charge de président à mortier après la mort de M. de Ménars[5]. Je vous réponds sur toutes les questions que vous me faites, Madame, à mesure qu`1l m`en souvient, et je n'y cherche point de liaison. On ne vous a pas bien informée de la santé, ou plutôt de la maladie de Mme de Maintenon : depuis cette fièvre de l'hiver passé, elle en a toujours eu des accès, précédés de grands frissons, sans marquer aucune règle ; mais quand ses accès sont passés, elle se porte à merveilles :

  1. 6. Voyez les Mémoires de Gourville, tome LII, p. 554 et suivantes.
  2. 7, Voyez les Mémoires de Gourville, tome LII, p. 304 et suivantes.
  3. 8. Les Mëmoires dont il s’agit ont été publiés à Paris en I724, avec privilège, par Mlle de la Bussière. Il est vraisemblable qu’ils ont éprouvé des retranchements assez considérables.
  4. 9. François Hérault de Gourville, conseiller au parlement de Metz, gouverneur de Montluel en Bresse, mort en I7I8 sans avoir été marié.
  5. 10. Ce fut le futur premier président Meaupeou qui eut la charge de président à mortier à la mort de Ménars, en 1718. Voyez Saint-Simon, tome XV, p. 311.