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l`agrément pour la charge de président à mortier : Mlle de Ménars a tant de parents considérables, qu`il y a lieu de croire que cette espérance n`est pas chimérique. On présenta hier la nouvelle mariée au Roi, et à toute la cour ; Mme de Maintenon lui fit des prodiges. Ma complaisance n'a point été jusqu`à aller à Versailles, quoiqu'on l'eût désiré. J`ai renoncé au monde, et je n`ai pas l'humilité d'aller dans un pays où je n'ai que faire, et ou je n’ai rien d`agréable ni de nouveau à montrer. Je cours ce soir à Ormesson, où M. le maréchal de Catinat et M. de Coulanges m'attendent ; je vous manderai des nouvelles de la vie que nous allons faire ce maréchal et moi. Je suis ravie d'apprendre que vous avez enfin donné congé à M. de Rezé ; j’en tire la conséquence que vous revenez cet hiver ; je vous assure qu'il y a longtemps qu'aucun événement ne m'a Fait un plaisir si sensible. Je vous prie, Madame, que je sois rassurée sur votre rhumatisme, dont je suis très en peine ; vous vous traitez si durement que je ne vous trouve point bien entre vos mains. Je vis avant-hier Mme de Simiane, que je trouvai consolée de la perte qu`elle a faite ; elle l`a réparée, car elle est grosse ; mais il en coûte quelque chose à sa jolie figure. M. de Sévigné nous a quittés pour sa Bretagne, et Madame votre belle-sœur va jeudi habiter la maison de ma grand`mère[1] ; je me suis trouvée attendrie en leur disant adieu ; il me paroît qu'ils vont changer et de vie et d'amis. C`est en vérité une vraie sainte que Madame votre belle-sœur, plus aisée à admirer qu'à imiter[2]. Je me plains, Madame, de n'avoir point appris par vous votre retour ; mais j'en pardonnerois bien d’autres si vous revenez, comme je le veux espérer.

  1. 5. Voyez la lettre suivante, p. 491, et ci-dessus, p. 484 et 485.
  2. 6. Voyez la Notice, p, 304.