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ments par Mme la duchesse du Lude. J’ai écrit à cette dernière, et je me suis chargée de tout. Vous verrez par sa réponse, que je dis Vrai ; et je suis même assurée que Vous me croiriez, quand je ne vous l'enverrois point. Il est impossible d’être plus touchée que Mme de Maintenon l'a été de la mort de M. d'Aubigné[1]. Pour moi, je le suis fort de celle de Gourville[2] , avec lequel j’avois renouvelé un commerce très-vif` ; j’y ajouterai que son bon esprit étoit si parfaitement revenu, que jamais lumière n'a tant brillé avant que de s`éteindre. Je n’ai point été à la campagne, comme je l'aVois espéré ; je me suis amusée à marier le frère de Mme de Mornay avec Mlle de Ménars[3] : cette pensée-là me vint ; je la proposal à M. l’abbé Duguet[4] qui voulut bien entrer dans cette affaire ; elle est enfin conclue, et les noces se sont passées avec toute la magnificence possible. Nous espérons de la bonté du Roi

  1. LETTRE 1495. -- 1. Charles d’Aubigné, gouverneur de Berri, chevalier des ordres du Roi, et frère de Mme de Maintenon. (Note de l'éditionde 1751.) -- Il mourut le 22 mai, à Vichy, où il était allé prendre les eaux. Dangeau annonce sa mort le 26, et Saint-Simon ajoute : «  » Ce fut une grande délivrance pour Mme de Maintenon que la mort de son frère, duquel elle drapa. Il y avoit longtemps que Madot, prêtre de Saint-Sulpice, ne le quittoit point, à leur grand ennui à tous deux, et qu’on le promenoit aux eaux et où l’on pouvoit, pour l'éloigner du monde, où il disoit son avis fort librement sur sa sœur, et de tout, et parloit volontiers du beau-frère. »
  2. Il mourut au commencement de juin. « On sut au lever du Roi que le vieux Gourville étoit mort à Paris subitement. Il y avoit longtemps qu’il ne sortoit plus de sa chambre. Il avoit été mêlé dans beaucoup d’affaires. C’étoit un homme d’un grand sens, et il a laissé des Mémoires curieux, mais qui ne sont point imprimés. » (Journal de Dangeau, au 14 juin 1703.) Voyez ci-après, p. 492, note 8. ·
  3. 3. Mlle de Ménars était fille de Jean-Jacques Charon, seigneur de Ménars, président à mortier au parlement de Paris, et frère de Mme Colbert. Pour Mme de Mornay et son frère, voyez ci-dessus, p. 339, note 5.
  4. 4. Voyez ci-dessus, p. 263,note 2.