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que Dieu y met pour la consolation des malheureux. Il n'aura rien perdu à sa prison, s’1l y a gagné la piété et la soumission où il me paroît. Je suis toute à vous, Madame, et vous honore infiniment.

1493. -- DE MADAME DE GRIGNAN

A LA MARQUISE D’UXELLES.[1]

Marseille, le 12 février.

Je me plains hautement de MM. de Grignan, Madame. Ces honnêtes gens, ces gens si incapables d`une mauvaise action, ont fait celle de me trahir : ils ont l'honneur de vous écrire, et ne vous disent rien de moi, qui n'ai eu qu`un cri pour vous faire recevoir mes compliments par ces deux messieurs. J'étois, Madame, dans la bonne foi, et persuadée qu`une de mes lettres , dans ces occasions, n'ajoute rien à ce qu’ils vous diroient de moi, connoissant comme ils font, Madame, mes sentiments et combien je vous honore : je comptois donc qu’ils vous l’avoient dit, et je vois dans votre lettre tout le contraire. Joignez—ous à moi, je vous supplie, pour les accabler de reproches ; chargez-les du soin de se justifier auprès de vous, et recevez ma justification , avec les assurances de ma vivacité sur tout ce qui vous touche ; et je sais que rien ne doit toucher davantage qu’un honneur si singulier et si bien mérité que la dignité de maréchal de France [2]de France. C'est une restitution que la Fortune

    sous la condition de se rendre à Orléans, pour n’en sortir qu'avec la permission du Roi. (Note de l'édition de 1818.)

  1. LETTRE 1493 -- (revue sur l’autographe). -- 1. Marie de Bailleul, veuve du marquis de Nangis, mariée en secondes noces au marquis d’Uxelles (1645), morte le 29 avril, 1712, à l’âge de quatre-vingt-six ans. Voyez tome I, p. 375, note 22 ; p. 386,note I2 ; et p. 421 , note 4.
  2. 2. Nicolas du Blé, marquis d’Uxelles, fut fait maréchal de