Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le jour de son arrivée à Vincennes ; il fut charmé avec raison de sa beauté ; il a gagné le donjon depuis avec l`idée de cette jolie fille, qui est toute des plus aimables ;enfin elle n’a des Mancini que la beauté. J`ai si peu de commerce avec M. de Richelieu, que je ne l’ai point vu depuis son mariage ; si on le voyait toutes les fois qu’il se marie depuis son mariage ; si on le voyoit toutes les fois qu'il se marie(9),on passeroit sa vie avec lui ; il est trop jeune pour moi. Je ne sais pas si Mme de Richelieu lui trouvera ce défaut ; on ne peut trop louer sa modération, elle n`a pas encore pris son tabouret. L’hôtel de Richelieu est à vendre. Pour l’abbé Têtu, je le crois très-fâché de ne pouvoir suivre l’exemple de M. de Richelieu : sa jeunesse augmente tous les ans, et vous croyez bien, Madame, qu’avec un tel privilège il est assurément trop jeune pour se marier ; il m’a priée de vous dire des choses très-passionnées de sa part. La princesse de la Cisterne(10) à qui j’ai appris que vous vous étiez souvenue d’elle, m’a fait promettre, Madame, que je vous dirois combien elle est véritablement affligée de ne vous avoir point trouvée en ce pays-ci ; elle y a réussi à merveilles, la cour lui en a fait. Elle a tourné l’esprit de sa mère à tout ce qu’elle a désiré ; sa petite fille est morte, et c`est un bien pour faire

tenant de Roi, qui fut nommé gouverneur de la Bastille, le I2 novembre 1708, après la mort de Saint-Mars. (Note de l’édition de 1818.)

9. Il venait d’épouser en troisièmes noces, le 20 mars 1702, Marguerite-Thérèse Rouillé, veuve du marquis de Noailles. Il était alors âgé de soixante-treize ans.

10. Henriette-Marie, fille unique du marquis de la Trousse, veuve d’Amédée-Alphonse, prince de la Cisterne, fils du marquis de Voghere (du nom del Pozzo), qu’elle avait épousé en 1684. Son mari était mort à Paris, âgé de trente-six ans, le 14 octobre 1698. C’étoit, dit Dangeau à cette date, un des plus grands seigneurs de Piémont, Il étoit grand veneur et grand fauconnier de Monsieur de Savoie :ces deux charges-là sont jointes en ce pays—là. «  Sa mère avait été gouvernante et dame d’honneur de la duchesse de Bourgogne qu’elle amena au pont de Beauvoisin en 1697.