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merveilles l`un de l`autre. Vous jugez bien, Madame, que cela me rend peu digne du commerce que je pourrois avoir avec Mme de Simiane ; son àge[1]et le mien sont trop disproportionnés. Je sais cependant qu`elle va habiter notre quartier, et je la plains beaucoup. Je suis assurée que quand elle auroit tort à votre égard, vous chercberiez toujours à la justifier : ainsi j`espère que vous l’aimerez toujours, par la raison qu’elle vous est fort attachée et que vous l’aimez naturellement ; elle est aussi très-aimable, cela est constant.

Mais, Madame, savez-vous bien que votre amie Mme de Lesdiguières n’est point du tout en bonne santè[2]? elle a une jambe qu`elle ne sent point et qui est enflée ; elle n’imagine point d`autre remède que la saignée, qui est le seul, je crois, qui peut rendre son mal dangereux : il faudroit Fournir des esprits, et elle se veut épuiser, ce qui n’est assurément pas raisonnable ; je vous en avertis, comme la seule personne qui peut lui faire entendre raison. La maréchale de villeroi a commencé à être affligée du jour que le maréchal partit pour l’stalie[3]; l`événement n’a que trop justifié sa douleur ; il étoit plus heureux étant le marquis de Villeroi[4]. Mais, Madame,

  1. Pauline avait alors vingt-sept ans.
  2. 4. Elle mourut le ai janvier 1716.
  3. 5. Il prit congé du Roi le 14 août 1701, fut battu à Chiari le 1er septembre, et fut fait prisonnier dans Crémone le Ier février suivant, Voyez le Journal de Dangeau, aux 9 et 14 février 1702 ; et sur l’affliction de la maréchale, Saint-Simon, tome III, p. 377 et 378.
  4. 6. Heureux à la cour sans doute, en amour ; il y avait bien des années qu’il était duc (Voyez tome IV, p, 554, la note l’extraite de la Gazette) ; il est probable que le vieux Villeroi (mort en 1685) avait cédé ce titre, des qu’il l’eut, à son fils, vers le temps du mariage de celui·ci (1662), portant lui-même depuis 1646 le titre de maréchal. Mais on se rappelle que le nouveau maréchal de Villeroi fut longtemps désigné par le nom de petit marquis et de charmant : Voyez entre autres passages, tome II, p. 471, note 13, et tome III, p. 168