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amies. On me l'amena hier ; elle dit qu`elle connoissoit fort toute ma famille a Lyon ; Je ne me souviens point de l`y avoir vue ; tout ce que je sais, c’est que c’est une femme de bonne maison, et que je vous suis très-obligée, Madame, et à M. de Grignan, de la bonté que vous avez eue l`un et l`autre d'avoir égard à la très-humble prière que je vous ai faite. Mme de Sully est assez malade ; elle est dans toutes les règles des mauvais médecins : du lait, saignare, purgare, etc. ; il n'y a pas moyen de lui entendre raison sur cela, quoiqu`elle l'entende si bien sur toute chose. Continuez-moi l`honneur de vos bonnes grâces, Madame, et croyez, s'il vous plaît, qu'on ne peut vous honorer plus que je fais. Ma sœur brille à Bruxelles[1], elle a tous les soirs Mme la comtesse de Soissons à souper chez elle : il me prend quelquefois envie d’aller à Bruxelles, représenter Mme de Béthune en Pologne [2]7. Vous ne sauriez comprendre à quel point je désire votre retour, Madame : plus Je suis indifférente pour tout ce qui vient, plus je m`attache à ce qu`il y a quelque temps que je connois. M. de Coulanges s’en va en Bourgogne avec Mme de Louvois ; et moi à Choisy toute seule, prendre patience de ne pouvoir être à Ormesson que l`année qui vient ; mais le moyen de faire encore des projets avec les exemples qu'on a chaque jour sous ses yeux ?

  1. 6. Son mari, Louis-Dreux du Gué Bagnols, conseiller d’État semestre, était sans doute encore intendant en Flandre et dans les Pays-Bas : voyez ci-dessus, p. 290, note 5, et p. 297, note 11. Il monta en octobre 1702 à la place de conseiller d’Etat ordinaire (Dangeau, au 8 octobre 1702).
  2. 7, C’est-à-dire d’aller prendre à la cour de ma sœur la place qu’avait à la cour de la sienne Mme de Béthune, qui était sœur de la reine de Pologne (femme de Sobieski), et femme de l'ambassadeur de France en Pologne : voyez tome ll, p. 55, note 9 ; et ci-dessus, p. 84, note 5.