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voici à quelle occasion : au mois de mars 1700, il reçut à Rome l’ordre précis de demander au pape une bulle pour faire assembler le chapitre de Strasbourg, et un bref d’éligibilité à la coadjutorerie de cet évêché en faveur de l’abbé de Soubise (plus tard cardinal de Rohan). On avait préparé les moyens de réussir, en faisant recevoir cet abbé au nombre des chanoines, ce qui avait éprouvé beaucoup de difficulté à cause de seize quartiers qu’il fallait prouver. Le concours du cardinal de Furstemberg, évêque de Strasbourg, avait été adroitement ménagé. Le cardinal de Bouillon, qui avait deux neveux dans ce chapitre et en était membre lui-méme, regardait cet important siège comme devant être un jour le partage de quelqu’un de sa maison. Il ne réfléchit pas assez à l'immense crédit de Mme de Soubise. Dans la lettre qu’il écrivit au Roi, il dévoila très-imprudemment les moyens que la maison de Rohan avait employés pour parvenir à son but. Le mécontentement fut grand à Versailles, et le Roi envoya au cardinal de Bouillon l’ordre de quitter Rome au plus tôt et de revenir en France dans ses abbayes de Tournus ou de Cluny. Le Cardinal n’ayant pas obéi sur-le-champ, le Roi donna sa charge de grand aumônier de France au cardinal de Coislin, et fit séquestrer tous les revenus du cardinal de Bouillon. Celui-ci finit par quitter Rome en février 1701, et il arriva à Cluny au mois de mai. On lui rendit ses biens, mais jamais il ne recouvra les bonnes grâces du Roi. Voyez les Mémoires de Saint-Simon, tome II, p. 395 et suivantes ; le Journal de Dangeau, aux 24 et 28 mars, 8 mai et 2 juin 1700, 15 janvier, 3 mars`et 1er juin 1701 ; et les Mémoires de Coulanges, p. 285. (Note de l'édition de 1818.) ---dans une note au Journal de Dangeau (tome VII, p. 318), le duc de Luynes , tout en admettant cette cause de la disgrâce du cardinal de Bouillon, en suppose d’autres encore. « Il y a apparence, dit·il, qu’une des causes fut l’affaire de Monsieur de Cambrai, sur laquelle le Roi ne garda de mesures avec personne, et fît sentir le poids de son autorité à ceux qui avoient lès moindres relations avec ce prélat. On croit que M. le cardinal de Bouillon n’agit pas pour la condamnation du livre des "Maximes des saints avec la vivacité que portoient ses instructions. Il agit contre ses instructions », d’après Saint-Simon (tome II, p.264), qui a bien au long raconté le reste de la vie du Cardinal jusqu’à sa fuite en 1710 et jusqu’à sa mort en I7I5 (voyez l’l'index des Mëmoires)," et a résumé lui-même ce qu’il en avait dit, tome XII, p. 2I à 19. remercie beaucoup de vous être souvenue amie la marquise, dont je ne sais seulement pas le nom, mais qui m’a été recommandée par une de mes véritables