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J`ai fait, Madame, de votre part, toutes les amitiés dont il vous a plu de me charger, à Mmes de Sanzei, de Coulanges et de Bagnols, dont elles vous sont très-obligées. Mme d`Enneval, avant que de partir pour Rouen, nous a fort priés de croire que l'esprit ne lui avoit point tourné et que ce n'étoit pas sans bonnes raisons qu'elle s'étoit remariée. Vous vous êtes bien trompée, Madame, quand elle vous a paru aimer sa liberté, car elle m'a dit à moi que c'étoit une des raisons de son mariage, par n’en savoir que faire, et qu`elle n'en avoit jamais eonnu le mérite : ainsi ne lui doit-on savoir aucun gré du sacrifice qu`elle en a fait à l'homme du monde qui la tiendra le plus de court.

Je ne suis point surpris de tous les plaisirs que vous fait M. de Montmort ; je connois son palais de Marseille, ses meubles et son savoir-faire[1] ; il ne vous mènera point sa femme et vous vous en consolerez aisément. Mais adieu, Madame : mille respects pour vous et pour tout ce qui s`appelle Grignan.


1483. -- DE MADAME DE COULANGES ET DE COULANGES A MADAME DE GRIGNAN. A Paris, le 19e avril.

DE MADAME DE COULANGES.

IL y a si longtemps, Madame, que je ne fais rien de ce que je désire, que je n`ai pu trouver le moment de vous remercier de la dernière lettre que vous m`avez fait l’hon-

  1. 11. Coulanges, à son retour de Rome, en 1691, débarqua à Marseille le 11 octobre, et il y passa huit jours chez de Montmort, maître des requêtes et intendant de la marine. Voyez ses Mémoires , p. 309.