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de Marly, de Meudon, qu'allées et venues à Paris pour les Opéras, que bals et mascarades, et que seigneurs qui, pour ainsi dire, mettent couteaux sur table[1] pour s’attirer les bonnes grâces de la jeune princesse. Les dames qui entrent dans les plaisirs ont besoin de leur côté d'être bien en leurs affaires : la dépense est quadruplée ; on emploie pas moins pour les mascarades que des étoffes de cent et cent cinquante francs l'aune, et quand par malheur quelqu'une est obligée de faire paroître deux fois un même habit, on dit qu'on voit bien qu'elle n'est venue à Paris que pour s'habiller à la friperie. Vous saurez le détail de la fête de Madame la chancelière [2]: ainsi, Madame, je ne vous en dirai pas davantage sur ce sujet. Je n`ai pas manqué de faire part de votre lettre à Mme de Louvois ; elle a été ravie d’y trouver des marques de l`honneur de votre souvenir, et si touchée de la description que vous y faites de heureux climat dans lequel vous vivez, que peu s'en faut qu'elle ne vous aille trou-

  1. 7. « On dit proverbialement et figurément mettre couteaux sur table, pour dire Donner à manger. » (Dictionnaire de l'Académie de 1694.)
  2. 8. On voit, par le Journal de Dangeau, que les bals se succédaient tous les jours. On y lit au 8 février : « Madame la chancelière donna un grand bal à Mme la duchesse de Bourgogne, à la chancellerie ; il y eut une petite comédie, de jolies boutiques où l’on trouvoit de toutes sortes de confitures et de liqueurs, une belle musique. La fête fut fort galante et magnifique ; mais la foule des masques qui étoit venue de Paris troubla un peu les plaisirs de la fête. Monseigneur y étoit en masque ; Messeigneurs ses enfants y étoient de leur côté masqués aussi, et Mme la duchesse de Bourgogne y étoit masquée magnifiquement ; elle n’en revint qu’à trois heures du matin. Monsieur le chancelier reçut Monseigneur, Messeigneurs ses enfants et Mme la duchesse de Bourgogne au bas du degré, et puis se retira et laissa faire les honneurs de la fête à Madame la chancelière. » -Voyez dans le Mercure de février, p. 169 à 194 , une longue description de cette fête. « Personne, dit Saint-Simon de la chancelière de Pontchartrain (tome XI, p.72}, ne s’entendoit si parfaitement à donner des fêtes. »