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le cérémonial ; les princes de sa maison ne s`y trouveront point, parce qu'ils ne s`y couvriroient pas [1]; à cause d’une autre distinction que Monsieur a voulue, il n’y aura que les princes du sang, et M. de Vendôme a été refusé d’être du nombre. M. le duc de Lorraine vit le Roi, dès samedi, qui le reçut à merveilles ; il lui dit que leurs Etats étoient si voisins, qu'ils étoient nécessairement obligés de bien vivre ensemble. On le trouve assez aimable (Monsieur votre fils n`est pas de ce goût) ; il a de l`air de la princesse d'Epinoi[2] , mais il a encore le visage plus long et la lèvre de dessous fort grosse. J'arrive de Versailles, où j’ai été huit jours, Madame : je voudrois vous pouvoir bien représenter tout ce que j'ai vu de bassesses, d'empressements et de jalousies ; j’en méprise le genre humain. Imaginez-vous, Madame, que tout le monde court en foule chez Mme de Chamillart[3]mais toutes les plus fières, et que Madame la chancelière en meurt de jalousie et l’autre jusques à présent ne s`en

  1. 6. Dangeau dit que les princes étrangers ne se couvraient qu’aux audiences des représentants, et point aux audiences des souverains. Voyez au surplus, sur cet hommage du duc de Lorraine, les longs détails du Journal, au 25 novembre 1699, avec les additions de Saint-Simon.
  2. 7. Élisabeth de Lorraine, fille puînée du comte de Lillebonne, née en 1694, femme de Louis de Melun, prince d’Epinoi, connétable et sénéchal héréditaire de Flandre, né en 1673, mort à Strasbourg le 24 septembre I704. Voyez ci-dessus, p. 240, la note 5 de la lettre du 4 février 1695.
  3. 8. Isabelle6Thérèse le Rebours, fille d’un maître des comptes, femme de Michel Chamillart, nommé contrôleur général des finances le 5 septembre 1699, à la place de Pontchartrain. « Sa femme et lui, dit Sai¤t-Simon·(t0me II, p. 312), étoient enfants des deux sœurs. Elle étoit vertueuse et fort polie ; mais elle ne savoit que jouer, sans l'aimer, mais faute de savoir faire autre chose ni que dire, après avoir demandé à chacun comment il se portoit : la cour ne put la former, et à dire vrai, c’étoit la meilleure et la plus sotte femme du monde, et la plus inutile à son mari. »