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fait et y demeurer toute la journée. Ce retardement de l'acte a fait juger à notre évèque que je lui disputois la préséance ; il a envoyé des mémoires, que je lui eusse fournis moi-même, s`il en avoit eu besoin ; il s`est bien gardé de s'expliquer avec moi, ni par lui—même, ni par nos amis communs : le plus sûr étoit de m’imposer une folle imagination, et de l'adresser tout droit aux ministres[1]. M. de Torcy en a parlé au Roi, et dans le temps que tout se passe ici dans les règles, et avec la plus grande honnêteté du monde de part et d`autre, entre la chambre des comptes et moi, je passe peut- être pour un insensé dans l’esprit de Sa Majesté et de tout son conseil.

Je vous supplie très-humblement, Monseigneur, de

  1. 11. Voici la lettre écrite par l’évêque de Nantes à Pompone : Monsieur, J'ai tant recu de marques de l’lhonneur de votre protection en toutes les occasions qui se sont présentées, que je me flatte d’en recevoir des marques dans celle—ci Une folie s’est emparée de l’esprit de M. de Sévigné, notre lieutenant de Roi, qui s’est devoir représenter Monseigneur le comte de Toulouse, quoiqu'il y ait un commandant en chef dans la province. Je sais que je dois la première place à Monseigneur le comte de Toulouse : le sang dont il est issu m’y engage entre ses autres qualités ; mais on ne doit rien céder à ses représentants, et si cela étoit, cela ne regarde que le commandant en chef, et non un simple lieutenant de Roi ; et jamais jusqu’ici, ni les gouverneurs généraux, ni les lieutenants généraux ne m’ont disputé la première place. Je ne puis croire encore que cette vision soit entrée dans l’esprit de M. de Sêvigné. Si cela étoit par malheur, je vous demanderois instamment l’honneur de votre protection, pour soutenir celui de l'épiscopat, qui seroit très-aba1ssé si cette folle prétention de M. de Sévigné avoit lieu. Je suis avec un respect très-profond, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur, G. de BEAUVAU, évêque de Nantes. A Nantes, ce 6° juillet 1697.