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1691

1326. — DE MADAME DE COULANGES À LAMOIGNON.

Mardi matin [17e juillet].

Je suis si étonnée, et ce que vous trouverez plus extraordinaire, Monsieur, c’est que je suis sensiblement touchée : en vérité on a grand tort si on ne profite des événements qui arrivent depuis quelque temps. C’est Mlle de Lestranges[1] qui m’a appris cette funeste nouvelle[2], une demi-heure avant que j’aie reçu la lettre que vous m’avez fait la grâce de m’écrire. Je serois fâchée qu’une autre qu’elle eût été témoin de mes premiers mouvements ; ils ont été trop violents ; je m’en prends à ma vivacité naturelle et point du tout à l’intérêt[3]3. C’est une perte pour nous, Monsieur, et bien plus grande pour l’État. Mon Dieu, peut-on desirer des places que l’on garde si peu, et qui sont bien terribles quand on croit ce que nous croyons ? Mes sentiments dans cette occasion sont des confiances[4] ; au moins je retourne à Paris très-promptement.

Suscription : À Monsieur, Monsieur de Lamoignon[5]

  1. Lettre 1326. — 1. Voyez tome III, p. 225, note 6.
  2. 2. La mort subite de Louvois, le 16 juillet 1691. Voyez à cette date le Journal de Dangeau.
  3. 3. Mme de Coulanges était cousine germaine de Louvois. Voyez tomes I, p. 496, note 2 ; II, p. 12, note 2, et p. 452, note 1.
  4. 4. Nous donnons cette lettre d’après une copie faite sur l’original, en marge de laquelle il est dit que ce mot est fort mal écrit et douteux, que cependant confiances : (confiences) est la lecture la plus probable.
  5. 5. À l’original de cette lettre de Mme de Coulanges était réunie, nous dit-on, une lettre non signée, écrite à elle. Nous en avons vu la copie ; elle paraît se rapporter à la location de la maison du Temple. Elle est datée du jeudi au soir, sans indication de mois ni d’année. On y offre à Mme de Coulanges d’ « attendre jusques à Noël afin que M. de Coulanges se décide. »