1691
1326. — DE MADAME DE COULANGES À LAMOIGNON.
Je suis si étonnée, et ce que vous trouverez plus extraordinaire, Monsieur, c’est que je suis sensiblement touchée : en vérité on a grand tort si on ne profite des événements qui arrivent depuis quelque temps. C’est Mlle de Lestranges[1] qui m’a appris cette funeste nouvelle[2], une demi-heure avant que j’aie reçu la lettre que vous m’avez fait la grâce de m’écrire. Je serois fâchée qu’une autre qu’elle eût été témoin de mes premiers mouvements ; ils ont été trop violents ; je m’en prends à ma vivacité naturelle et point du tout à l’intérêt[3]3. C’est une perte pour nous, Monsieur, et bien plus grande pour l’État. Mon Dieu, peut-on desirer des places que l’on garde si peu, et qui sont bien terribles quand on croit ce que nous croyons ? Mes sentiments dans cette occasion sont des confiances[4] ; au moins je retourne à Paris très-promptement.
Suscription : À Monsieur, Monsieur de Lamoignon[5]
- ↑ Lettre 1326. — 1. Voyez tome III, p. 225, note 6.
- ↑ 2. La mort subite de Louvois, le 16 juillet 1691. Voyez à cette date le Journal de Dangeau.
- ↑ 3. Mme de Coulanges était cousine germaine de Louvois. Voyez tomes I, p. 496, note 2 ; II, p. 12, note 2, et p. 452, note 1.
- ↑ 4. Nous donnons cette lettre d’après une copie faite sur l’original, en marge de laquelle il est dit que ce mot est fort mal écrit et douteux, que cependant confiances : (confiences) est la lecture la plus probable.
- ↑ 5. À l’original de cette lettre de Mme de Coulanges était réunie, nous dit-on, une lettre non signée, écrite à elle. Nous en avons vu la copie ; elle paraît se rapporter à la location de la maison du Temple. Elle est datée du jeudi au soir, sans indication de mois ni d’année. On y offre à Mme de Coulanges d’ « attendre jusques à Noël afin que M. de Coulanges se décide. »