Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/436

Cette page n’a pas encore été corrigée

niez pas d’une grossiereté pareille à celle d’y avoir manqué. Au reste, le mariage de ma nièce[1] avec M. de Poissy est rompu ; si j’étois â sa place, j’en serois aussi aise qu`elle en est peut-être fàchée : il ne la désiroit point autant qu`il convenoit pour surmonter les plus petites difficultés ; quand cela est ainsi, il me paroît qu’on se doit trouver heureuse de ne point entrer dans une maison où l’on est si peu souhaitée : je suis assurée que c`est là votre avis. Quel bon sens, Madame, que le vôtre, de n'être point entêtée de la cour ! songez que Mme du Lude, qui avoit une si bonne santé, est accablée de rhumatisme ; songez qu'il faut qu`elle couche dans la chambre de la princesse, qu'elle se fatigue jour et nuit, et pour qui[2] ? Cependant je sais une personne du monde qui admire les agréments de la place et qui la trouve préférable à tout le repos dont Mme du Lude pouvoit jouir ; j’ai eu quelque escarmouche avec cette personne sur une telle façon de penser, que je vous avoue que je ne comprends point[3] Continuez-moi toujours un peu de part dans votre amitié, Madame ; il faudroit que vous pussiez bien savoir comme je suis pour vous, afin de vous persuader que je n`en suis pas indigne. Permettez-moi de prendre part à la joie de M. le marquis de Simiane de se trouver auprès de vous ; sa joie est d`autant plus raisonnable qu’il n’est pas aise tout seul. J'ai eu assez l’honneur de le voir, pour désirer beaucoup de le voir davantage.

  1. 2. Voyez ci-dessus, p. 335, note 5.
  2. 3. Mme du Lude n’avoit point d’enfants. (Note de l'édition de I75I.)
  3. 4· Le marquis de- Simiane s’attacha en 1710 au duc d’OrIéans ; sa femme fut aussi, sans doute vers le même temps et par lui, attachée à la duchesse : voyez la Notice p. 314, et Dangeau, tome XIII, p. 187.