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on broute où l’on est attaché. Adieu, ma fille : je vous embrasse9[1].


1476.-- DE MADAME DE COULANGES A MADAME DE SIMIANE.

A Paris, le 7è mars.

Je suis charmée de la lettre que vous m’avez fait l'honneur de m’ècrire, Madame ; comme il y a longtemps qu'on n’a eu celui devons voir, on est étonné de trouver tant de sagesse, de raison et de bon sens avec tous les charmes de la jeunesse : il n’y a que vous qui ayez su accorder des choes si opposées. Je suis très-

  1. 9. On trouve dans les Annales de la cour et de Paris une anecdote qui se rapporte au séjour que Mme de Grignan fit à Paris cette année : «  » La comtesse de Grignan, qui étoit alors à Paris, étant allée voir Madame à Saint-Cloud, sur ce qu’elle étoit tombée de cheval à la chasse, et qu’elle s’étoit démis le bras (l'accident arriva le24 mai 1697 : voyez Dangeau à cette date et la Correspondance de Madame, tome I, p. 26 et suivantes),en fut si mal reçue qu’elle n’eut pas envie d’y retourner de longtemps. Cette princesse s’étoit fait apporter dans cette maison, après que son bras lui avoit été remis par un chirurgien de village, qui ne s’ét0oit pas trop mal acquitté de son métier. Cependant comme elle souffroit encore de grandes douleurs, elle se trouva si fort indignée de ce que cette comtesse lui disoit, qu’elle venoit se réjouir avec elle de ce que son mal n’étoit plus rien, que peu s’en fallut qu’elle ne la chassàt de sa présence. Cette princesse, qui est fort naturelle, la rabroua effectivement d’une étrange manière : tellement que la comtesse s’en étant revenue a Paris, le dit à toutes ses amies, ce qui revint bientôt à Monsieur. Son Altesse Royale en parla à Madame, et lui dit qu’elle avoit tort ; mais elle étoit si peu capable d’entendre raison en l’état où elle étoit, qu`il fallut attendre qu’elle en fût délivrée, pour lui faire comprendre qu’elle avoit eu tort d’en avoir usé comme elle avoit fait avec cette dame. » (Annales de la cour et de Paris pour les années' 1697 et 1698, tome II, nouvelle édition, Amsterdam. MDCCIII, p. 100.)