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charmante coifïure ; elle est d`ailleurs toute comme elle etoit : voilà votre. Voici la mienne [1] : sa chambre est parfumée· c’est l`air de Vénus qui descend des cieux accompagnée des grâces qu'une divinite pourroit avoir dans le commerce des mortels ; sa beauté n’a jamais été dans un si haut degré de perfection ; les remèdes l'ont rafraichie et engraissée ; avec ces deux avantages survenus à tous ceux qu'on lui connoît, vous m`avouerez que la princesse de votre mère pourroit bien être celle de tout le monde. La duchesse du Lude, au comble de la gloire, est terrassée par un rhumatisme plus puissant que tout son bonheur ; elle crie jour et nuit, elle a la fièvre ; elle est privée de tous ses délicieux devoirs du jour et de la nuit, et peut envier tout ce qui la trouve digne d`envie : elle est la matière d`un traité de morale tout entier. Mlle de Bagnols vous a—t-elle mandé son mariage avec M. de Poissy6 ? Ils se conviennent fort ; c`est un grand parti que M. de Poissy [2]; Mme de Bagnols aimeroit mieux M. de Villars [3] ; M. de Bagnols n`est pas de même gout. Vous devez être bien aise d’avoir avec vous Mme de Pracontal[4] : on dit qu`elle est bien aimable ; elle est assez raisonnable pour prendre en gré tous les lieux où son mari et son devoir la réduiront ; je comprends qu'on eut être étonné de trouver parmi les dames de Montélimar ce qui conviendroit si fort ailleurs ; mais

  1. 5. L’ancienne Mlle de Blois, Marie-Anne de Bourbon, veuve depuis le 9 novembre 1685 de Louis—Armand de Bourbon, prince de Conti. Voyez tome III, p. 358, note 18.
  2. 6. Ce projet de mariage ne se réalisa point. Voyez ci-dessus, p. 256, fin de la note 5 ; p. 145, 242 et 335, note 5, et la lettre suivante, p. 430.
  3. 7. Louis-Hector, marquis, puis duc de Villars, pair et maréchal de France. Voyez la lettre du 5 février 1703, et la réponse à cette lettre, p. 476 et p. 483.
  4. 8. Voyez ci-dessus, p. 361, note 7, et p. 369, note 11.