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de votre protection et de vos bons offices auprès de Sa Majesté. Rendez-moi toujours auprès de vous-même, Monsieur, celui d'être persuadé de l'attachement respectueux et inviolable avec lequel je serai toute ma vie votre très-humble et très-obéissant serviteur,

GRiGNAN


1475. -- DE MADAME DE GRIGNAN A MADAME

DE SIMIANE, SA FILLE·

A Paris, le 4 janvier.

J'AI eu la force il est vrai, ou plutôt le courage, d’aller à Versailles ; la fatigue m'en a paru plus grande que celle du voyage de Provence à Paris, la raison en est sensible : je ne songeois, pendant mes deux cents lieues, qu'à prendre mes aises, et il faisoit un temps humain ; au lieu qu'à Versailles je n`ai pas été un moment sans quelque incommodité, et il faisoit un froid excessif ; j`en fus saisie au point qu`il m'ôta la respiration, et que je demeurai comme la sœur de don Bertrand à la porte de la princesse : voilà ma grande aventure dans ce voyage. Avez-vous envie de savoir comme j'ai trouvé la princesse[1] ? Elle est assez jolie, de grands yeux, la physionomie vive et italienne, de beaux cheveux de la couleur des vôtres, un visage un peu long et trop petit pour ses traits mais l'âge2 [2]proportionnera tout. Dispensez-moi

  1. LETTRE 1475. -- 1.La duchesse de Bourgogne. Voyez ci-dessus, p. 422, note 1.
  2. 2. Elle n’avait que onze ans et quelques jours. Voici le portrait que Saint-Simon a fait d`elle en 1712, l'année même de sa mort (tome X, p. 83 et suivantes) : « Régulièrement laide, les joues pendantes, le front trop avancé, un nez qui ne disoit rien, de grosses lèvres mordantes, des cheveux et des sourcils châtain brun fort bien