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somme pendant ma vie . M. et Mme de Tisé consultèrent leurs directeurs, qui les assurèrent qu`une telle convention, si elle étoit exprimée, seroit contre les lois, et pourroit même blesser leur conscience ; et ils furent plus de dix- huit mois sans vouloir accepter cette donation. La délicatesse de leurs consciences vint à la connoissance de Mme de Sévigné, et pour les mettre dans un plein repos, elle leur dit qu°elle ne prétendoit mettre aucune condition dans l'acte qu°elle vouloit faire en leur faveur, et qu'elle les prioit seulement d`avoir bien de l'amitié pour elle et pour moi. Ils répondirent l`un et l`autre que s’ils étoient assez malheureux pour jouir de cette somme pendant ma vie, je connoîtrois combien l`amitié qu`ils avoient pour elle et pour moi étoit essentielle et effective, et aussitôt l'acte fut dressé et insinué au greffe du présidial de Rennes, où l`on le trouvera aisément. M. et Mme de Tisé ont déjà commencé à nous donner une marque de leurs sentiments ; car dans l`affaire de ma charge, ils m`ont donné un contrat de trois mille quatre cents livres, dont je ne leur paye point d'arrérages, en faveur de cette donation, mais dont le fonds leur reviendra après ma mort. ‘

Vous n'avez donc présentement, ma chère sœur, qu’à faire une rassiette à M. et à Mme de Pielo de la somme de cent trente-huit mille francs. Je vous conseille de la faire sur la terre de Bodegat, pour plusieurs raisons. La première, c'est que cette terre est dans le voisinage de Mau-

9. Dans le manuscrit le mot huit a été arraché après dix de même que dans l’alinéa précédent à devant M. de Pielo Ces deux mots étaient à la fin des lignes. Il y a d’autres petites lacunes semblables, toutes faciles à combler.

10. Sévigné a écrit deux` fois ce mot, l’une au bas de la page, l’autre au commencement de la page suivante, et les deux fois il a mis leurs, pour leur.