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j'avois conservé les contrats que Mme de Sévigné m'a apportés en mariage : cela dépendra du prix que vous en trouverez : elle n`a point dépéri entre mes mains, au contraire ; le ministre que nous aimons et qui nous aime [1]y a fait ajouter deux mille francs par an pour mon logement, et si la paix rend l'argent plus commun qu`il n'a été depuis quelques années, il`y a de l'apparence, avec la même protection que nous avons eue, que vous pourrez retrouver l'argent que j'y ai mis[2] . Je joindrai à la fin de cette lettre un mémoire exact des arrérages que je paye tous les ans ; le surplus est payé par ceux dont j`ai transporté les contrats et les actes, et en y ajoutant les dettes que ma mère a laissées, et qui ont été faites pour vous, vous connoîtrez d’un coup d`œil ce que vous devez, et ce qui vous restera quand vous vous serez acquittée. Vous savez que Mme de Sévigné m’a apporté en mariage deux cent mille francs, plus clairs que le jour.

Il seroit difficile, ma chère sœur, que sans être entièrement ruinée vous rendissiez en espèces une si grande somme ; mais la Coutume de Bretagne y a pourvu : elle ordonne que l’on fasse une rassiette en terres[3] les fiefs y sont au denier quarante[4], tous les biens nobles à proportion et par ce moyen, quand on est assez malheureux pour perdre sa femme sans en avoir d'enfants, on remplace aisément ses deniers dotaux sans perdre beaucoup de revenu. Vous pourrez employer des gens

  1. 2. Pompone.
  2. 3. Il s’agit de la charge de lieutenant de Roi à Nantes. Voyez la lettre du 13 avril 1692, et les notes, p. 79 et 80, et ci-après, p. 420, note 21.
  3. 4. L’assiette en héritages était la désignation avec appréciation à dire d’experts des biens immeubles, nobles ou en roture, qui pouvaient être donnés en payement de la dot : (Note de l'édition de 1851.)
  4. 5. Y sont évalués à quarante fois le revenu. Voyez tome VII, p. 255, note 5.