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assure qu’elle n’y est pas insensible. On dit qu’il sera question encore de quatre dames du palais, et de deux autres quand la jeune princesse se mariera. Je ne comprendrai jamais qu’on ne vous aille pas chercher au bout du monde pour cela. J'ai assez bonne opinion de votre voisine[1] pour croire que vous seriez sa favorite . Enfin, je fais de tout ceci un petit château qui vous regarde uniquement ; et je ne m`accommoderai jamais que ce château soit en Espagne, A propos d`Espagne, savez-vous que toute l'histoire de cette reine est fausse ? elle n'est point grosse, elle se porte fort bien, le Roi en a reçu des nouvelles4. On lit dans le Journal de Dangeau, au 5 septembre « Le Roi nous dit à son souper que M. de Vendôme lui mandoit qu’en Catalogne on parloit publiquement de la funeste mort de la reine d’Espagne et que la comtesse de Pernitz, la Sata et la Nina, trois personnes pour qui la reine avo1t beaucoup d’amitié, étoient mortes aussi. M. de Vendôme mande que la reine étoit grosse, qu’on lui a ouvert le côté, et que l’enfant, qui étoit un garçon, a eu vie et a été baptisé » Et au I0 septembre : « Le Roi .... a eu nouvelle aujourd’hui que la reine d’Espagne n’étoit ni morte ni empoisonnée, ni grosse, et que les bruits qui avoient aussi couru de la maladie du roi d’Espagne n’étoient pas vrais. »</ref> On est ici dans les Te Deum, dans les feux de joie de la paix de Savoie [2]. Grâce à Dieu, le Roi continue de se porter de mieux en mieux [3] On croit que la cour ira à Fontainebleau vers la fin de ce mois

  1. 3. La princesse de Savoie.
  2. 5. La paix de Savoie fut publiée à Paris le IO septembre. Le Te Deum fut chanté dans la cathédrale de Paris, le 13 du même mois. Le soir il y eut un feu d’artifice devant l’hôtel de ville, et on en fit d’autres par toutes les rues.(Gazette du 15 septembre.)
  3. 6. On lit dans le numéro de la Gazette cité à la note précédente : «  »Le Roi et été incommodé, depuis quelques jours, d’un clou entre les deux épaules. La goutte, qui s’est jointe à ce mal, l’a retenu plusieurs jours au lit. Sa Majesté en est présentement délivrée ; et quelques incisions faites à propos, à l'endroit où étoit le clou, ont produit un si bon effet, qu’on espère qu’Elle sera bientôt entièrement guérie. »