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quillement de ce que vous tenez de la bonté et de l'amitié de ma mère : quand ]’y pourrois donner atteinte, ce qui me fait horreur à penser, et que j’en aurois des moyens aussi présents qu’ils seroient difficiles à trouver, je me regarderois comme un monstre si j`en pouvois avoir la moindre intention. Les trois quarts de ma course pour le moins sont passés ; je n`ai point d`enfants, et vous m`en avez faits que j`aime tendrement ; je suis plus aise de leur laisser ce que Dieu m'a donné en ce monde que si je le laissois à des marmots de ma façon, qu'on ne sauroit ce qu’ils devroient devenir un jour. Je ne souhaite point d’avoir plus que je n'ai ; grâces à vous et a un ministre[1] 4, je suis assez bien dans mon état. Si je pouvois souhaiter d'être plus riche, ce seroit par rapport à vous et à vos enfants. Nous ne nous battrons jamais qu'a force d'amitié et d'honnêteté. Je veux que les Grignans me trouvent digue d`eux et de vous. Je ne leur sacrifie rien,mais je leur sacrifierois beaucoup pour avoir leur amitié et leur estime. M. de la Garde prendra, s`il lui plaît, la part qui lui convient dans ce discours. Adieu, ma très-chère et très-aimable sœur : n'est—ce pas une consolation pour nous, en nous aimant tendrement par inclination, comme nous faisons, que nous obéissions à la meilleure et à la plus aimable de toutes les mères ? Soyons donc plus étroitement unis que jamais, et comptez que tout ce qui pourra vous faire plaisir sera une loi inviolable pour moi :

  1. 4. Ponchartrain ou Pompone ? Voyez ci-dessus, p. 79, et ci-après, p- 414.