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n'ai esoin que de savoir ce que vous ordonnerez de cet argent, si vous voulez qu'on vous l`envoie, ou si vous voulez qu'n en dispose à Paris, soit pour vous le garder, soit pour le donner à quelqu`un : vous serez obéie dans le moment. Ce qui m’a causé la sécheresse où j'ai été dans les derniers temps de mon séjour à Paris, c`est que j’ai donné beaucoup d'argent pour les rachats des terres de basse Bretagne. Je m’étois proposé d’acheter une tapisserie, mais les droits en sont si exorbitants [2] que je n'ai pu le faire. J'ai trouvé quelque grâce auprès des fermiers en faveur des vieux meubles de famille, et cette raison m`a fait faire une chose dont vous me saurez pourtant gré dansla suite, mais dont je ne laisse pas de vous faire mille excuses et à M. de Grignan. Vous aviez envie d`avoir une des vieilles tentures de ma mère ; la moindre a été estimée quatre cents livres, c’est-à-dire, en termes d`in— ventaire, cinq cents livres3[3]. Vous en trouverez assurément dans le temps qui court de beaucoup plus belles, de plus éclatantes et de plus convenables pour le même prix, si vous voulez en faire chercher deux mois avant votre retour à Paris. Je vous supplie, ma très-aimable sœur, de me pardonner, si je n’ai pas en cela régulièrement suivi ce que vous souhaitiez, et de considérer que j’étois forcé par la promptitude de mon départ et par toutes les circonstances que je vous ai dites.

J'ai trouvé, dans les papiers de ma mère, un papier qui s`adresse à vous et à M. de Grignan, et qui n'est

  1. été daté dans la première édition (1846) de juillet 1696, et dans la seconde (1851) du mois d’a0ût de la même année.
  2. 2. On tirait les tapisseries de Flancdre. Le droit d’entrée en augmentait beaucoup le prix.
  3. 3. Suivant l'ancienne pratique, au prix d’estimation porté sur l’inventaire s’ajoutait toujours un supplément appelé crue, et qui était ordinairement du cinquième denier au—dessus de la prisée.