Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

ceux qui vous sont attachés et qui ont l'honneur d`être de vos amis, et vous ont si bien fait connoître leurs sentiments pour vous, que vous ne sauriez ignorer ce qu`ils pensent dans cette nouvelle restitution que l'on vous fait. Je trouve le Roi et M. de Torcy [1]bien heureux, l'un de vous avoir pour secrétaire d`Etat, et l`autre pour père à la place de M. de Croissy. Un échange si avantageux demande que ce soit à eux que l'on fasse des compliments ; et l'on ne vous en doit, Monsieur, que sur la joie que vous avez de l'agréable établissement de Mademoiselle votre fille. J`y prends toute la part que je dois : je vous supplie d'en être persuadé, et du respect avec lequel je suis votre très-humble et trés-obéissante servante, La COMTESSE DE GRIGNAN·

  1. LETTRE 1467 (revue sur l'autographe). -- I. Il ne faut pas prendre à la lettre ce que dit ici Mme de Grignan. Le département des affaires étrangères n’avait pas été rendu à Pompone, mais les fonctions de ce ministère étaient confiées à sa surveillance. Croissy étant mort le 28 juillet 1696, le Roi confirma dans la charge Torcy, son fils ; et il fut réglé que Pompone donnerait audience aux ministres étrangers en présence de Torcy ; que ce serait lui qui rapporterait au conseil toutes les affaires, et mettrait en apostille les notes d’après lesquelles les réponses devaient être rédigées par Torcy. Ce dernier n’avait encore que trente et un ans ; il épousa, le 13 août suivant, la fille de Pompone. (Note de l'édition de I8I8 Voyez le Journal de Dangeau, aux 29 et 30 juillet. — Cette fille de Pompone était Catherine-Félicité Arnauld, qui mourut vers la fin de 1755. « De part et d’autre, dit Saint-Simon (tome I, p. 347), beaucoup de vertu dans les mariés, mais peu de bien .... Le mariage se fit à Paris le I3 août suivant, chez M. de Pompone, et ils vécurent tous dans une grande et estimable union. » -- « Le Roi, en considération de ses services (de Colbert de Croissy), avoit, dès 1689, accordé la survivance de la charge de secrétaire d’Etat au marquis de Torcy, son fils aîné, qui lui a succédé en cette charge et en celle de grand trésorier de ses ordres. » (Gazette du 4 août.)