Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1691 cardinal Spada, qui est fort honnête homme et dont nous serons contents. On dit que dom Antonio Ottobon[1] sera toujours général de la sainte Église. Le pape ne veut loger aucun Napolitain dans son palais, et il n’a aucuns neveux. Tout cela va donc à merveilles, pourvu que nous nous en allions bientôt.

Mme de Coulanges vous fera part de mes craintes, et en cas qu’elles se trouvassent bien fondées, vous raisonneriez ensemble, et vous me détermineriez au parti qu’il me conviendroit de prendre sans blesser l’amitié et la bienséance.

Je possède, Dieu merci, M. le cardinal de Bouillon ; il est logé dans notre palais[2], mais je crains déjà de le perdre. Voilà comme il n’est nul bien sans peine.

J’ai eu cruellement la goutte six semaines durant. J’ai encore des pieds si enflés et si foibles qu’ils ne peuvent pas soutenir ma petite machine. Je fais pitié à tous ceux qui me voient marcher, mais il faut espérer que cela reviendra.

Je n’ai point recçu le petit mot de M. de Chubere que vous m’aviez fait espérer, mais bien une lettre de M. Guilbert, qui me promet fort de satisfaire incessamment à toutes les avances de M. Durye[3]

Si nous nous en allons, je crois bien toujours que ce ne sera au plus tôt que vers la fin de septembre[4]. Adieu, Monsieur : continuez-moi l’honneur de vos bonnes grâces, et croyez-moi toujours tout ce que je vous suis avec le dernier attachement et la dernière tendresse.

  1. 4. Neveu du dernier pape.
  2. 5. Voyez les Mémoires de Coulanges, p. 254.
  3. 6. Voyez plus haut, p. 2, la lettre du 11 janvier précédent, et tome IX, p. 602 et 603.
  4. 7. Coulanges partit de Rome le 12 septembre, quelques heures après le duc de Chaulnes.