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1464. -- DE MADAME DE COULANGES A MADAME DE SIMIANE.

A Paris, le 20è juillet.

It y a longtemps, Madame, que je n'ai eu l'honneur de vous écrire mais ne suis-je point seule à m'en apercevoir ? En vérité, c'est pure discrétion qui m'empêche de vous dire plus souvent ce que je sais penser de vous : il y a une telle disproportion de votre âge au mien, qu'il me paroît de la cruauté à moi de vous aimer comme je fais, et surtout de vous en entretenir. Je suis très-persuadée que vous n'enviez point les extrêmes distinctions dont jouit Mme de Mornay [1]; mais, Madame, n'est-ce point être trop avancée pour votre âge, de vous savoir passer du monde et de la cour ? Il me semble qu’il n’y a que l'expérience qui en puisse dètromper, et voilà ce que vous n'avez pas jusquà présent. Mme de Mornav est de tous les voyages de Marly, sans être nommée, de toutes les promenades du Roi ; en un mot, Mme de Maintenon la traite comme sa fille ; et pensez-vous qu`on puisse être insensible à ces honneurs ? ma nièce de Bagnols[2] voit tout cela d'un grand sang-froid. La trêve d'Italie[3] donne ici de grandes espérances de la paix générale : je suis assurée, Madame, que cette grande nouvelle ne vous sera pas indifférente. On se tourmente déjà

  1. LETTRE 1464. -- 1. Voyez ci-dessus, p. 398 et note 1.
  2. 2. Sans doute la future comtesse de Tillières : voyez ci-dessus, p. 335, note 5.
  3. 3. « Le I2 de ce mois (de juillet on publia.... à Turin qu’il y avoit une trêve conclue (entre l'armée française et celle de Victor-Amédée, duc de Savoie) pour un mois, pendant lequel il étoit ordonné aux troupes des deux partis de s’abstenir de toutes sortes d'hostilités.» Gazette du 28 juillet. L’Empereur et le roi d’Espagne, alliés du duc de Savie, n'acceptèrent la neutralité pour l'Italie que le 13 octobre: voyez la Gazette du 20 otobre.