1691
* 1325. — DE COULANGES À LAMOIGNON.
Nous avons enfin un pape[1], c’est le cardinal Antonio Pignatelli, Napolitain et archevêque de Naples. Il est si homme de bien qu’il faut espérer qu’en dépit de son pays et de toutes ses liaisons, il sera un bon père commun ; et puis il est à croire que Messieurs nos cardinaux surtout M. le cardinal de Fourbin, n’aura pas légèrement donné sa voix et sans avoir pris même de bonnes mesures. Il s’appelle Innocent XII, pour marquer sa reconnoissance à Innocent XI, dont il est créature[2]. On ne doute pas que dom Livio Odescalchi[3] ne soit cardinal de cette élection. Notre bon pape sera couronné demain, et il faut espérer que quand toutes les cérémonies seront expédiées, il travaillera à nous donner nos bulles ; il est au moins en beau chemin pour cela par l’acte que le dernier a fait en mourant, et comme il laisse en place les deux cardinaux qui étoient du conseil du feu pape, savoir Panciatici et Albani, nous avons lieu de bien espérer. Il avoit offert au cardinal Altieri d’être secrétaire d’État, et de venir loger au palais ; mais ce cardinal a de plus grandes prétentions, et lui a donné en sa place son intime ami, le
- ↑ Lettre 1325. — 1. Le cardinal Antoine Pignatelli fut élu pape le 12 juillet 1691. Ainsi fut terminé le conclave qui avait duré cinq mois entiers. Le nouveau pape prit le nom d’Innocent XII. C’est, dit Coulanges dans ses Mémoires (p. 279 et 280}, un homme de soixante et seize ans et demi, de bonne complexion, grand et robuste, qui a passé toute sa vie dans les emplois de la cour de Rome, génie médiocre, mais homme de bien et bon gentilhomme… Il a de bonnes et de nobles inclinations ; il est charitable envers les pauvres, sans parents, ferme et désintéressé. » (Note de l’édition de 1818, à la lettre du 24 juillet suivant.)
- ↑ 2. Innocent XI l’avait nommé cardinal à sa première promotion, et ensuite légat de Bologne, et archevêque de Naples.
- ↑ 3. Innocent XI était de ce nom.
