Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/397

Cette page n’a pas encore été corrigée

faut profiter pour le salut, et dont je dois être plus frappé qu’un autre dans l'âge ou je suis. Rien n`est enfin plus infaillible que de mourir tôt ou tard ; et Mme de Nicolaï[1] fille unique du lieutenant civil, vient de nous en donner un exemple à vingt-cinq ans, comme avoit fait peu de jours auparavant le comte Ferdinand de Furstemberg[2] Le bruit court que Mme de Coulanges viendra dîner ici aujourd`hui avec la maréchale de Villeroi ; je ne manquerai pas de faire voir votre lettre à Mme de Coulanges, afin de ne rien ôter aux expressions qui servent à lui faire connoître vos sentiments pour elle ; je puis bien vous assurer que vous n'obligez point une ingrate ; car je ne connois personne qui vous estime davantage, ni qui soit plus touchée de toutes vos perfections. C'est une grande grâce de Dieu que la santé de Madame votre mère se rétablisse un peu au milieu d'une aussi rude affliction et je trouve qu`elle fait fort bien de songer à quitter Grignan pour aller respirer un air moins sec et plus humain[3] : il eut été a souhaiter pour nous qu' elle se fut déterminée pour ces cotés-ci ; mais je comprends très-bien ses raisons ; et quoique je desire passionnément son retour, je l'apprèhende néanmoins : je crois que cela s`entend, sans l'expliquer davantage. Je n'aurai de longtemps l'honneur de lui écrire ; je lui ai rendu les devoirs dont l'usage ne permet point qu'on se dis pense ;

  1. LETTRE 1457. — 1. Morte le II mai. Voyez tome IX, p. 175, note 20.
  2. 2. Ferdinand-Maximilieu-Caetan-Joseph Egon neveu du cardinal de Furstemberg, né le 24 octobre 1661, chanoine de Cologne et de Strasbourg, puis brigadier dans les armées du roi de France, mourut à l’âge de trente-cinq ans le 5 mai 1696 après deux années de maladie.
  3. . Il paraît que Mme de Grignan alla passer quelque temps au château de la Garde. Voyez ci-après, au bas de la p. 400, la date de la lettre du 15 juillet suivant.