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Monsieur, de mon parfait attachement pour vous, et du véritable respect avec lequel je suis votre très-humble et très-obéissant serviteur[1],

GRIGNAN.


1457 -- DE COULANGES A MADAME DE SIMIANE.

A Choisy, le 15è mai.

Je vous suis d’autant plus obligé de la lettre honnête, et de votre propre main, que vous m’avez fait l'honneur de m`écrire, que je comprends à merveilles par moi-même la peine que vous pouvez avoir à traiter toujours un sujet qui vous tient si fort au cœur et qui rappelle toutes vos tristes idées ; cependant, Madame, c’est un sujet, ou je me trompe beaucoup, que nous traiterons longtemps. On oublie souvent la perte de ses parents ; mais quand une fois nos parents sont nos intimes amis, c`est une plaie qui ne se ferme pas sitôt. Avouez, Madame, que ce n’est point une grand’mère que vous pleurez ; pour moi, je ne pleure point une cousine germaine ; mais nous pleurons assurément la plus aimable amie qui fut jamais, et la plus digne d'être aimée. La mémoire m'en sera toujours très-précieuse, et rien ne me la fera oublier, quelque lieu que`j’habite, ni quelques plaisirs qui s'offrent à moi. Le délicieux séjour de Choisy, joint à la bonne compagnie qui s`y trouve ordinairement, ne m' point encore dissipé au point que je ne donne beaucoup de moments au triste souvenir de notre illustre amie ; cette perte me paroîtra longtemps un songe par ne pouvoir la comprendre ; cependant c’est une vérité dont il

  1. LETTRE 1456 (revue sur l'autographe). -- 1. Au bas de la page est écrit, de la main du comte de Grignan : Mr de Pomponne.