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santé dont je la voyois jouir, un an de maladie qui m’a mise cent fois en péril, m’avo1ent ôté l’1dée que l`ordre de la nature pût avoir lieu à mon égard. Je me flattois, je me flattois de ne jamais souffrir un si grand mal ; je le souffre, et le sens dans toute sa rigueur. Je mérite votre pitié, Monsieur, et quelque part dans l’honneur de votre amitié, si on la mérite par une sincère estime et beaucoup de vénération pour votre vertu. Je n’ai point changé de sentiment pour vous depuis que je vous connois, et je crois vous avoir dit plus d`une fois qu`on ne peut vous honorer plus que je fais.

La comtesse DE GRIGNAN.


1455. -- DE MADAME DE COULANGES

A MADAME DE SIMIANE.

A Paris, ce 2è mai.

Je vous suis sensiblement obligée, Madame, de songer encore à moi ; je connoissois toutes vos perfections ; mais la tendresse de votre cœur, et l'amitié que vous avez su avoir pour une personne aussi digne d'être aimée que celle que vous regrettez, c'est ce qui me paroît fort au-dessus de tout ce qu'on en peut dire. Ah ! Madame, que vous avez raison de me croire infiniment touchée ! Je ne pense à autre chose, je ne parle d'autre chose ; j`ignore tous les détails de cette funeste maladie ; je les cherche avec un empressement qui fait voir que je ne songe point à me ménager. Je passai hier toute la journée avec le prieur de Sainte-Catherine [1]: vous jugez bien sur quoi

  1. LETTRE 1455. -- I. Le confesseur de Mme de Sévigné. Voyez la lettre du 26 novembre 1693, ci-dessus, p. I27·