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1691 vieille, que je ne crus pas y devoir faire réponse ; je vous en demande pardon, et je ne vous en aime pas moins. Voici donc une lettre toute propre à nous remettre sur les voies, et à reprendre le fil interrompu de notre commerce. Je vous plains d°avoir eu un rhumatisme ; je ne connois que trop ce mal. Nous avons vu la jolie épigramme de Mons et Merveilles[1] : nous avons de bons correspondants à Paris. Il est question maintenant de vous faire les compliments de notre troupe. M., Mme de Grignan, la petite fille, qui sait votre mérite, mon fils, qui est votre ancien serviteur et admirateur, tout cela vous honore et vous assure de ses très-humbles services ; pour moi, je ne puis jamais cesser de vous aimer.

J’ai vu ici M. de Larrey, fils de notre pauvre ami Lenet[2] avec qui nous avons tant ri ; car jamais il ne fut une jeunesse si riante que la nôtre de toutes les façons. Il m’étonne en me contant comme son père avoit dissipé tous ses grands biens, et qu’il n’en avoit rien eu ; je ne le croyais pas.

J’embrasse ma chère nièce ; j’adresse cette lettre à Mme de Montataire, ne sachant où vous prendre présentement. Vous me direz où vous serez jusques au temps de Fontainebleau. Adieu, mon cher cousin. Je demande pardon à votre bel esprit de cette lettre toute terre à terre ; mais il en faut quelquefois de cette façon.

  1. 8. C’était sans doute une épigramme sur le siége et la prise de Mons.
  2. 9. Le marquis de Larrei (voyez tome IV, p. 422, note 1 ; tome IX, p. 69 et 183), alors maréchal de camp, commandait en Dauphiné sous Catinat. Il devint lieutenant général, gouverneur de Mont-Dauphin, et mourut en mars 1698.