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Madame ; le seul plaisir qui lui reste, c’est d’entendre louer son pauvre fils ; elle me paroît plus affligée que le premier jour ; je n’en passe guère sans la voir. Je l'ai cependant envoyée à M. de Coulanges, cette aimable et tendre lettre ; il est à Saint-Martin ; d`où il doit revenir mardi. Mme de Saint-Géran a reçu deux visites de Mme de Maintenon ; vous jugez bien qu`il n’en falloit pas tant pour la consoler[1] 1. Mme de Mornay ne quitte point Mme de Maintenon ; plus cette petite femme paroît insensible aux honneurs qu`elle reçoit, plus on est occupé d`elle. Je suis étonnée de ces deux sortes de conduites. Le mariage de ma nièce est absolument rompu avec M. de Poissy ; elle part dans huit jours pour aller en Flandre. M. et Mme de Bagnols n'ont aucun tort ; Mme de Maisons a fait aussi ce qu`elle a pu, et nous lui

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  1. LETTRE 1452.-- 1. Il paraît en effet qu’elle se consola vite. Elle fut exilée au mois d’octobre suivant. Le Roi, mécontent de la conduite de Mme de Saint-Géran, lui a envoyé ordre à Versailles, où elle étoit demeurée de s'éloigner de la cour de plus de trente lieues. On ne lui laisse la liberté de demeurer à Paris que jusqu’à la fin de ce mois. On lui continuera sa pension ; et même M. de Pontchartrain lui fait payer ce qui lui en étoit dû. On ne dit point encore le sujet de sa disgrâce, qui apparemment sera longue, car le Roi a déjà disposé de son appartement. » (Journal de Dangeau, au 25 octobre 1696, à Fontainebleau.) Sur la cause de cette disgrâce, qui dura moins de deux ans et demi (elle fut rappelée en mars 1699 : Dangeau, tome VII, p. 42, et Saint-Simon, tome II, p. 259 et 260), voyez Saint-Simon, tome I, p. 4O2 et 403. Saint-Simon, dans une addition au passage qui vient d’être cité, dit plus brièvement : « Mme de Saint—Géran, veuve du chevalier de l’ordre, avec une fille unique qui s’est depuis faite religieuse , avoit été dame du palais de la Reine, toujours toute de la cour et fort du grand monde et de la meilleure compagnie. Madame la Duchesse avoit fait des parties qui avoient déplu ; elle et ses sœurs avoient été menacées ; elle hasarda cependant, immédiatement devant Fontainebleau, un souper à sa petite maison du Désert dans le parc de Versailles. Mme de Saint-Géran en fut, et l'orage tomba sur elle. Elle choisit Rouen et le couvent de Bellefonds, où elle eut loisir de s’ennuyer.