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1696


Mme de Vins sa tout perdu, je l’avoue[1] ; mais quand le cœur a choisi entre deux fils, on n’en voit plus qu’un. Je ne saurois parler d’autre chose. Je fais la révérence à la sainte et modeste sépulture de Mme de Guise, dont le renoncement à celle des rois ses aïeux mérite une couronne éternelle. Je trouve M. de Saint-Géran trop heureux, et vous aussi d’avoir à consoler Madame sa femme : dites-lui pour nous tout ce que vous trouverez à propos. Et pour Mme de Miramion, cette mère de l’Église, ce sera une perte publique[2]. Adieu, mon cher cousin : je ne saurois changer de ton. Vous avez fait votre jubilé. Le charmant voyage de Saint-Martin a suivi de près le sac et la cendre dont vous me parliez. Les délices dont M. et Mme de Marsan jouissent présentement, méritent bien que vous les voyiez quelquefois, et que vous les mettiez dans votre hotte ; et moi, je mérite d’être dans celle où vous mettez ceux qui vous aiment ; mais je crains que vous n’ayez point de hotte pour ces derniers.


1452. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 6e avril.

Je ferai voir votre lettre à la maréchale de Créquy,

  1. 4. Mme de Vins avoit perdu son fils unique. (Note de l’édition de 1768.)
  2. 5 « Mme de Miramion (supérieure de la communauté des filles de Sainte-Geneviève, fondée par elle) mourut à Paris (le 24 mars) ; c’est une grande perte pour les pauvres, à qui elle faisoit beaucoup de bien. Elle avoit travaillé à beaucoup de bons établissements de charité, qui presque tous avoient réussi. Le Roi l’aidoit beaucoup dans les bonnes œuvres qu’elle faisoit, et ne lui refusoit jamais rien. » (Journal de Dangeau, au 24 mars 1696.) Voyez tome VIII, p. 445, note 14.