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jours ici très-impatiemment, soyez-en bien persuadées. Fi ! la tête de veau, la fraise et les pieds, est-il rien de plus indigeste ? croyez, ma chère gouvernante, que ce n’est point du tout un attachement raisonnable que celui que vous avez pour un tel mets, et je vous conseille, pour votre propre santé, de vous en défaire au plus tôt. Je pardonne à Mme de Simiane de ne m’avoir point écrit le mardi gras : je comprends à quel point elle étoit embarrassée ce jour-là pour briller au bal et pour donner la loi à toutes les dames de Vauréas. Je suis fort flatté qu’elle veuille bien m’honorer de quelque nom plus tendre que celui de Monsieur ; j’étois résolu de la supplier de m’appeler plutôt Pierrot ; qu’elle me baptise donc de celui que son amitié pour moi lui inspirera, et qu’elle soit très-persuadée que je mérite quelque distinction auprès d’elle, par tout le respect et l’admiration que j’ai pour la sage Pauline. Sanzei[1] vous fait mille compliments et mille remerciements de l’honneur de votre souvenir, en quelque habit qu’il soit ; il a si bien fait par ses journées[2], que la maison de M. de Saint-Amant est devenue la sienne, il y est depuis le matin jusqu’au soir. On ne peut assez vous étaler la ruine de la maison de Saint-Hérem[3] ; ils ont quatre cent mille francs de dettes plus qu’ils n’en ont declaré ; on lapideroit volontiers Mme de Saint-Hérem à mesure qu’on découvre des articles de dépense dont on n’a jamais entendu parler. Les jeunes gens[4] vont renoncer à toutes choses, et s’en tenir purement à la survivance du gouvernement de Fontainebleau et à leur brevet de

  1. 11. Sanzei venoit d’être fait colonel. (Journal de Dangeau, au 7 novembre 1695.)
  2. 12. Voyez tome IX, p. 569, note 15.
  3. 13. L’édition de 1751 n’a ici et deux lignes plus bas que les initiales S. H... ; plus loin F*** pour Fontainebleau et deux fois D... pour Douilly.
  4. 14. Voyez ci-dessus, p. 281, la note 2 de la lettre du 20 juin 1695.