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1691 heureusement n’étoit pas à Coni[1]. Ainsi on ne l’accusera pas d’y avoir fui.

Il est encore dans les secrets de la Providence de savoir quand nous partirons pour Paris. On ne peut pas vous parler plus à bride abattue que je viens de faire de tout mon moi, comme dit M. Nicole ; mais vous le voulez. Revenons à vous, mon cousin. Vous avez, je crois, été à vos états ; j’ai attendu à vous répondre qu’ils fussent finis. Je ne sais ce que vous faites : je m’en doute pourtant ; je serai fort aise d’en savoir davantage quand nous nous verrons. Vos garçons sont à leur devoir ; Mme de Bussy en repos chez elle ; ma nièce de Coligny très-contente d’avoir donné ordre à ses affaires : c’est la source du repos. Ma fille est fort occupée de celles de sa maison, où elle fait des merveilles. Le chevalier de Grignan est à Paris, très-incommodé[2] de la goutte. Vous avez dessein d’aller faire votre cour à Fontainebleau, vous ferez fort bien. Vous seriez bien heureux de plaire à Sa Majesté, de quelque manière que ce pût être. Je reçus votre lettre du 10e décembre[3]7 au mois de février ; elle étoit si

  1. Le siège de Coni, commencé par le marquis de Feuquières, avait été confié à Bulonde, lieutenant général. Le prince Eugène fit tomber entre les mains de ce dernier une lettre adressée au commandant de la place, par laquelle il annonçait qu’il marchait à son secours avec un corps d’armée, et l’engageait à seconder son attaque par une sortie générale. Bulonde prit l’épouvante, et leva le siége précipitamment, abandonnant son artillerie et ses blessés. Voyez l’Histoire du prince Eugène, tome I, p. 150. — Le Roi fit conduire Bulonde à la citadelle de Pignerol ; il ne recouvra sa liberté qu’au mois de décembre suivant. Voyez le Journal de Dangeau, 10 juillet et 11 décembre 1691, et la Gazette du 14 juillet. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 6. Les éditions antérieures donnent : tout incommodé ; il y a bien très dans le manuscrit.
  3. 7. Il y a « du 8e décembre » dans le manuscrit, mais c’est une erreur soit de Mme de Sévigné, soit de Bussy. La lettre est bien datée du 10 : voyez tome IX, p. 596.