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solennelle à Paris par le porte Saint-Antoine, et fit le tour de la place Royale : le pauvre peuple de Paris est si affamé de spectacles, que c’en fut un pour lui que cette entrée, qui n’aurait pas été regardée en un autre temps. L’ambassadeur a une livrée grise avec des galons d’argent et des veloutés bleus, et quatre beaux carrosses[1] ; mais une honte pour la France, ce sont les carrosses et les chevaux qu’on avait envoyés pour lui faire cortége[2]. Cependant on ne pouvait pas se remuer dans les rues, tant il y avait de monde. La place Royale, avec des tapis sur les fenêtres, et à tous les balcons, n’était pas un des moins beaux endroits de la ville à faire voir à cet ambassadeur : aussi en fit-il le tour, et il vit belle et honorable compagnie sur le balcon de l’hôtel de Chaulnes, où avaient dîné M. le cardinal de Bouillon, Mesdames les duchesses de la Trémouille[3] et d’Albret, Mme de Coulanges, l’abbé Têtu, l’abbé d’Auvergne[4], le comte d’Al-

    chal d’Estrées alla avec le sieur de Bonneuil, introducteur des ambassadeurs, le prendre à Picpus. Voyez la relation de cette entrée dans la Gazette du 3 mars.

  1. 3. Ces quatre carrosses étaient, dit la Gazette, d’une magnificence et d’une richesse extraordinaire. À la tête du cortége marchait son écuyer, suivi de quatre pages à cheval, magnifiquement vêtus, et de vingt-quatre valets de pied avec une riche livrée. »
  2. 4. C’était, dit encore la Gazette, « le cortége ordinaire des carrosses de Monsieur, de Madame, de Mme la duchesse de Chartres, de Mme de Guise, et des princes et des princesses du sang. »
  3. 5. Ce fut le duc de la Trémouille, premier gentilhomme de la chambre, qui complimenta le marquis de Cascaës à son arrivée dans l’hôtel des ambassadeurs extraordinaires. Voyez la relation de la Gazette.
  4. 6. Henri-Oswald, fils, ainsi que François-Égon, prince d’Auvergne (tome VIII, p. 316, note 3), de Frédéric-Maurice de la Tour. qui fit la branche des comtes d’Auvergne. Il fut abbé et général de Cluny, grand prévôt de l’église cathédrale de Strasbourg (1698), abbé de Redon et de Conches, archevêque de Vienne (10 mai 1722), cardinal (1737), et mourut le 23 avril 1747. « Ses mœurs, dit Saint-Simon (tome II, p. 387 et 388), étoient publiquement connues pour