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Villeroi, qui lui avoit si joliment écrit dans ma lettre, et qui m’en demande des nouvelles tous les jours.


du cardinal de bouillon.

Il est moins humiliant pour moi, Madame, de vous avouer ingénument la faute que j’ai faite de ne vous avoir donné aucun signe de vie à l’occasion de tous vos mariages, non plus qu’à toute la maison de Grignan, que j’honore et que j’aime infiniment : cela est, dis-je, moins humiliant que d’entreprendre d’ajouter quelques mots à la lettre de M. de Coulanges, qui est digne de vous et de lui. Il faut pourtant que je vous assure qu’en lieu du monde vous n’avez un serviteur qui vous soit si absolument acquis que je le suis.


de coulanges.

Notre cousine de Pracontal[1] part incessamment pour Montélimar ; elle vous ira voir, et n’aura pas envie de renoncer ses parents ; jamais sa mère ne lui avoit dit que nous en fussions, et sans moi elle l’ignoreroit encore. C’est une très-aimable femme, qui va passer bien des mois eu province ; j’en suis fâché, car je commençois fort à m’en accommoder ; son mari a aussi du mérite, mais il ne la perd pas de vue ; si c’est tendresse, je n’ai rien à dire, quoique cette tendresse soit fort incommode quelquefois ; si c’est jalousie, c’est un effet de la dévotion de Mme de Montchevreuil, à qui il n’a pas tenu qu’elle n’ait perdu sa fille auprès de son mari et de tout le genre humain. Je suis assuré que vous la trouverez fort raisonnable, notre cousine, que vous vous en accommo-

  1. Catherine-Françoise de Mornay-Montchevreuil avait épousé, le 19 novembre I693, Armand de Pracontal, lieutenant général des armées du Roi (en janvier 1702). Il avait succédé à de Perthuis dans le gouvernement de Menin. Voyez le Journal de Dangeau, au 14 décembre 1694. Voyez encore ci-après, p. 369, note 11, et p. 428.