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voici bien un autre mariage, : M. et Mme de Clérembault se sont si bien emparés de M. de Luxembourg, aussitôt qu’il a eu rompu avec Mme de Seignelai, qu’enfin c’est un mariage conclu. On donne à Mlle de Clérembault[1] cinq cent mille francs présentement, et pour cent mille francs de pierreries, suivant l’estimation des trois plus fameux joailliers de Paris. Je vis hier des gens qui s’étoient trouvés chez Mme de Clérembault à la visite qu’elle reçut de M. de Luxembourg, de Madame sa mère, et de toute sa famille ; ainsi cette affaire est conclue absolument, et je ne sais pas ce qu’en dira la marquise de Bellefonds : voilà, par ce moyen, les Clérembaults bien dépiqués[2]. Le public veut que Mme de Seignelai soit en quelque négociation avec M. de Marsan ; je m’en rapporte. Le jeune Saint-Hérem épouse dimanche la petite cousine de la maréchale de Lorges. Mme la duchesse de S** est toujours grosse, et fait voir par là qu’il n’y a rien d’impossible en ce monde. Mais savez-vous qui entre dans ma chambre ? c’est le marquis de Grignan en propre personne, qui a bien voulu honorer mon lever, las, à ce qu’il dit, de me chercher inutilement les après-dînées : cela n’est-il pas bien obligeant ? Pour le récompenser de sa peine, je le mènerai dîner un de ces

    à la fin de janvier 1696 Louis de Brancas, marquis de Cereste, connu sous le nom de marquis de Brancas, qui fut ambassadeur en Espagne (en 1714), devint maréchal de France (en 1741), et mourut à soixante-dix-huit ans au mois d’août 1750. Sa femme mourut en août 1741, âgée de soixante-deux ans. Voyez sur lui Saint-Simon, tome XIII, p. 156 et 157 ; et sur ses parents, notre tome III, p. 530, note 9.

  1. 5. Marie-Gillome Gillier, seconde femme de Charles-François-Frédéric de Montmorency, duc de Luxembourg, et fille unique de René Gillier, marquis de Clérembault, et de Marie le Loup de Bellenave (voyez tome I, p. 182, note 14). (Note de l’édition de 175I.)
  2. 6. Voyez la lettre de Mme de Coulanges à Mme de Sévigné du 23 décembre 1695, ci-dessus, p. 335, second alinéa.