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elle n’en aura pas si souvent notre encens, mais elle l’en estimera peut-être davantage. Vous dites tant que vous n’êtes pas le fait de votre jeune maîtresse, que si elle trouvoit un autre mari, je crois qu’elle le prendroit. Dites à Monsieur l’ambassadeur qu’il vous lise ce que je lui mande du charmant voyage que notre duchesse de Chaulnes a fait à Marly[1]. Faites tous mes compliments : vous savez mieux que moi où il les faut faire.


1691

1324. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Deux mois après que j’eus écrit cette lettre (no 1322, p. 26), je reçus cette réponse de Mme de Sévigné.
À Grignan, ce 12e juillet 1691.

J’ai reçu votre lettre du 20e mai ; vous l’aviez adressée chez moi, à Paris, à la pauvre Beaulieu, que vous connoissiez. Sachez, mon cousin, que cette jeune femme et son mari, qui étoit un joli homme, sont morts tous deux à six mois l’un de l’autre[2]. Je regrette fort cette perte, car ces gens-là me servoient fort bien. Je n’ai pu m’empêcher de vous parler de ces pauvres gens-là. Aussi bien cette lettre est destinée à vous parler de moi, et à vous dire de mes nouvelles, dont vous voulez que je vous instruise en bonne amitié.

Il y a huit mois que je suis ici. Je vous mandai le cou-

  1. 3. La duchesse de Chaulnes fut pour la première fois du voyage de Marly le 6 juin 1691, et le lendemain, le Roi, courant le cerf en calèche avec les dames, la fit mettre auprès de lui. Voyez le Journal de Dangeau aux 6 et 7 juin 1691.
  2. Lettre 1324. — 1. Nous avons vu que Beaulieu était mort le 3 juillet 1690, et sa veuve le 11 mars 1601.