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et le mariage fut célébré dans la chapelle de l’hôtel de Créquy. Il y eut à cette noce plus d’amis que de parents : c’est encore un usage qui s’introduit à cause des conséquences ; et je puis vous dire que j’ai été grondé de n’y être pas survenu ; mais j’aime mieux être grondé en pareille occasion, que de hasarder d’arriver comme le chien dans un jeu de quilles. Je vis le lendemain matin toute la noce, et je fus très-agréablement accueilli de tout ce qui s’appelle Bouillon et la Trémouille. La porte de l’hôtel de Créquy n’a été ouverte au public que par rapport aux visites de Monsieur et de Madame et de leurs enfants qui n’ont pas manqué en cette occasion de venir voir leurs proches parents[1] ; car elle a été fermée, à cause de la maladie de Mme de Créquy, à tout ce qui s’y est présenté, hors cet heureux moment ; toutes les dames s’en sont consolées par la peine qu’elles avoient de s’enharnacher de leurs habits noirs, moitié révolte et moitié paresse. Mlle de Villars, fille de la pauvre duchesse de ce nom, épousa le même jour son cousin de Brancas[2].

    Aussi Philibert lui adressa-t-il ses vœux, la jeune fille fut mise dans un couvent, et la mère se remaria. Quand la Voisin fut arrêtée, le nom de Mme Brunet était inscrit sur ses registres ; la justice fit des recherches, le procès s’instruisit, et Mme Philibert fut pendue. On eut des soupçons sur Philibert, et le Roi lui-même lui conseilla de s’éloigner si sa conscience lui faisait le moindre reproche ; Philibert n’y consentit point, et il se justifia pleinement devant la chambre de l’Arsenal. Voyez les Causes célèbres de Richer, tome I, p. 426. (Note de l’édition de 1818.) — Quant à Vizé, c’était un excellent joueur de guitare, que Louis XIV faisait souvent venir le soir. Marais, que Dangeau appelle toujours le petit Marais, donna en 1686 un opéra, Endymion, et fit en 1693 la musique de la tragédie de Didon par Mme Saintonge.

  1. 3. La princesse de Tarente, grand’mère de Mlle de la Trémouille, morte en 1693, était tante de Madame.
  2. 4. Élisabeth-Charlotte-Candide de Brancas-Villars, fille du troisième lit du vieux duc de Villars (le frère aîné du Distrait), épousa