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avant-hier pour aller dans le voisinage de la Roche-Guyon consulter Christophe aux ânes[1] qui est un laboureur mais un homme admirable pour la guérison de tous les maux, par la connoissance qu’il a des simples, qu’il tient de son père, et qu’il laissera, faute d’enfants, à un de ses neveux ; enfin les cancers, la gravelle, les abcès, les ulcères, rien ne tient devant lui : on ne parle que des cures étonnantes qu’il fait, et de son désintéressement. Il donne aux pauvres ses remèdes pour rien ; il les fait payer aux riches précisément ce qu’ils valent, n’exige pour toute récompense que trente sous ou un écu qu’il fait mettre dans un tronc pour les pauvres. Il ne veut point venir en ce pays-ci, il ne veut pas non plus qu’on bâtisse aux environs de chez lui. Le duc de Gramont[2] et Turmenies[3] sont guéris par lui ; le dernier lui a envoyé cent pistoles, qu’il lui a renvoyées aussitôt.


1696

1443. — DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 3e février.

Les bruits qui nous viennent de la continuation de la mauvaise santé de Mme de Grignan m’affligent à tel

  1. 12. Christophe Ozannes, fils d’un paysan de Chaudray, hameau situé a deux lieues de Mantes, acquit une sorte de réputation, en 1696 par des cures extraordinaires qu’il faisait à l’aide de quelques simples. On accourait de toutes parts pour le consulter. Voyez la Bibliothèque historique du P. Lelong, Appendice du tome IV, p. 244. On peut trouver sur Ozannes de curieux détails dans Les malades en belle humeur, ou Lettres divertissantes écrites de Chaudray, Paris, 1698.
  2. 13. L’ancien comte de Louvigny : voyez tome II, p. 215, note 12.
  3. 14. Trésorier de l’extraordinaire des guerres, qui acheta au mois de juin, pour un million, la charge de garde du trésor royal. Il mourut le 28 avril 1702. Son fils, qui s’appelait de Nointel, lui succéda.