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tel traitement ; cependant on ne désapprouve point la marquise de Bellefonds, si tant est qu’elle puisse devenir une duchesse considérable : il est constant que le duc a toujours été fort assidu auprès d’elle, et que la marquise a toujours dit qu’elle verroit M. de Luxembourg et Mme de Seignelai aller ensemble à l’église pour être mariés, sans croire pour cela que le mariage se fît ; ce qui a même fait dire par le monde qu’elle avoit épousé M. de Luxembourg il y a plus de six mois, et que M. de Luxembourg n’osant le déclarer à sa mère, écoutoit les propositions de. mariage qu’on lui faisoit, pour amuser le tapis et pour gagner du temps : avec un peu de patience nous serons plus savants. On me dit hier que le mariage du petit Saint-Hérem étoit conclu avec la petite cousine de la maréchale de Lorges[1]. Il n’est plus question de celui de Mlle de Clérembault avec le petit de Guémené[2]. Mme la duchesse de Rohan a la petite vérole en Bretagne. Voilà tout ce que je sais, ma très-aimable gouvernante : ainsi je n’ai plus qu’à vous embrasser avec une tendresse infinie, et à vous protester que je suis toujours plus à vous qu’à moi-même. Je vous demande vos bons offices auprès de Madame votre fille et de tous les illustres habitants du royal château où vous êtes. Comment se porte Monsieur le chevalier ? je lui en demande pardon ; mais je n’ai point du tout de goutte, et si, je bois comme un trou de tous les vins qui la pourroient faire venir. Il n’en est pas de même de M. de Nevers, qui est enfin revenu de Nevers avec sa belle épouse, après y avoir pensé mourir : l’humeur de la goutte, qui se promène par tous les canaux les plus cachés de son corps, lui cause des maux tout extraordinaires. Il partit

  1. 10. Voyez ci-dessus, p. 281, seconde partie de la note 2.
  2. 11. Voyez ci-après, p. 354, note 5, et ci-dessus, p. 239, note 2.