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où j’ai toujours été depuis ; ainsi je ne suis pas plus savant du détail du bal que Mme de Coulanges. Je dînai avant-hier avec elle à l’hôtel de Chaulnes, et je soupai hier avec elle chez M. de Lamoignon, où étoient la belle duchesse du Lude, la présidente le Coigneux[1] cuite au four, le bon duc de Chaulnes, et l’admirable avocat général d’Aguesseau, qui sait toutes mes chansons, et qui les retient, comme s’il n’avoit autre chose à faire. Je ne retournerai pas sitôt coucher chez ma seconde femme, parce que je dois dimanche dîner chez la duchesse du Lude avec le cardinal de Bouillon ; et c’est là où je ne manquerai pas de lui faire tous les compliments dont vous me chargez. Le mariage du duc d’Albret et de Mlle de la Trémouille ne tient plus qu’à une grosse fièvre qui est survenue à la duchesse de Créquy ; car la dispense de Rome est arrivée[2] mais vous jugez bien qu’une telle noce veut la présence, ou du moins la meilleure santé, d’une grand’mère qui y a autant contribué[3]. Le mariage de M. de Luxembourg est toujours rompu sans retour ; son procédé fort désapprouvé, d’autant plus qu’on croit que c’est un sacrifice qu’il a voulu faire à la marquise de Bellefonds ; mais Mme de Seignelai ne méritoit pas un

    vivait encore en novembre 1709. Elle avait une maison à Meudon. Saint-Simon dit de plus, au tome III de ses Mémoires (p. 346), qu’elle demeura toujours avec son père veuf, dont elle gouvernait la maison ; qu’elle avait un frère abbé, et une sœur qu’épousa le président de Rochefort, du parlement de Bretagne.

  1. 7. Judith-Thérèse-Suzanne de Montault, marquise de Saint-Geniez. Elle était nièce du maréchal de Navailles, Voyez tome VII, p. 473, note 6.
  2. 8. Le bisaïeul de Mlle de la Trémouille avait épousé une grand’tante du duc cd’Albret (une sœur de Turenne). — Pour une autre alliance, mais beaucoup plus ancienne, entre les deux maisons, voyez la Gazette du 4 février 1696.
  3. 9. La duchesse de Créquy était la grand’mère maternelle de Mlle de la Trémouille. Voyez ci-après, p. 352, note 1.