Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1696


cette belle assemblée. Je vis Mme de Barbesieux et la duchesse de Villeroi, qui me parurent resplendissantes ; les diamants, la magnificence, l’éclat de l’or et de l’argent, tout cela m’impose, et m’empêche de faire le discernement, que je sais, ce me semble, faire de la beauté, quand elle est moins chargée d’ornements. Mme de Mornay[1] reçoit toutes les distinctions qui suivent la faveur, sans y paroître trop sensible ; elle le deviendra, et je le souhaite, afin qu’elle se fasse au moins un plaisir de ce qui charme les autres. Je vis avant-hier M. de Pompone ; nous parlâmes toujours de vous, ma chère amie, et de tout ce qui est Grignan ; nous nous plaignîmes tendrement de votre longue absence, et de celle de Mme de Grignan. J’allai ensuite chez Mme de Vins ; je changeai de compagnie sans changer de conversation ; nous conclûmes que Mme de Grignan ne retrouveroit de la santé que par venir respirer l’air de ce pays—ci. Soyez bien persuadée de cette vérité, ma chère Madame ; songez aussi quelquefois au pressant besoin que doit avoir Mme la marquise de Grignan de Madame sa belle-mère ; si toutes ces réflexions vous obligent à prendre le chemin de Paris, personne n’en profitera avec tant de joie que moi. Je vous demande en grâce de bien dire des choses de ma part à Madame votre fille. Est-il vrai que Mme de Simiane soit grosse ? Rien de tout ce qui a rapport à elle ne me peut être indifférent ; je n’ai jamais vu personne de qui on se souvienne si souvent que d’elle, ni que l’on loue plus sincèrement ; mais je dis toujours : Ce n’est pas la voir que de s’en souvenir[2].

  1. 2. Cousine sans doute de Mme de Coulanges. Voyez ci-dessus, p. 339, note 5.
  2. 3. Voyez ci-dessus, p. 181.