Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1696


1442. — DE COULANGES ET DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 27e janvier.

de coulanges.

J’espére que la lettre que je vous écrivis, il y a aujourd’hui huit jours, n’aura pas été mal reçue. J’en reçus le lendemain une aimable petite, qui me fit d`autant plus de plaisir, que me disant que vous ne m’écriviez qu`un mot pour en avoir mille, il se trouvoit que de ma bonne, libre et franche volonté je vous avois obéi par avance, et satisfait, ce me semble, à toutes les questions que vous me pouviez faire ; aujourd’hui, ma très-aimable gouvernante, ma lettre ne sera pas si longue, par la raison qu’il n’est pas tous les jours fête. Les nouvelles duchesses d’Uzès et de Lesdiguières ont été présentées au Roi. La duchesse de Lesdiguières la douairière fut à Versailles avec tous les Duras, et même y coucha ; et le bruit court que Sa Majesté les traita fort sérieusement, ne disant autres paroles, que de souhaiter à la jeune duchesse qu’elle fût heureuse.

de madame de coulanges.

Je ne vous écrirai point aujourd’hui, ma très-aimable ; M. de Coulanges en est bien plus digne que moi : sa belle jeunesse le laisse dans un commerce du monde qui lui orne fort l’esprit. Il vous dira des nouvelles du bal du Palais-Royal[1], de la parure des beautés qui composoient

  1. Lettre 1442 — 1. « Monseigneur alla dîner chez Monsieur ; l’après-dînée il entendit l’opéra dans sa loge, et puis joua jusqu’au souper ; ensuite de quoi il y eut un grand bal, où il y eut tant de masques qu’à peine pouvoit-on danser. » (Journal de Dangeau, au mardi 24 janvier 1696.)