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1696

1439. — DE COULANGES ET DE LA DUCHESSE DE VILLEROI À MADAME DE SIMIANE.

Du quartier de Richelieu[1], le 6e janvier.

de coulanges.

Je suis assurément fort touché, Madame, de l’honneur de votre souvenir ; mais il me semble cependant que vous pouviez ne pas m’écrire aussi sérieusement que vous avez fait ; tout ce qui m’en a consolé, c’est que votre lettre étoit datée de Vauréas[2], et vous devez savoir, ce me semble, combien j’ai eu toute ma vie de curiosité pour aller voir cette belle ville, sans que j’aie pu me contenter là-dessus. Quoi ? Madame, vous demeurez dans Vauréas ! Que vous êtes heureuse ! et faut-il qu’un homme qui a séjourné si longtemps à Rome, n’ait pas seulement été un quart d’heure à Vauréas ? mais je ne veux pas désespérer d’y aller quelque jour, puisque je sais que vous y avez un palais très-magnifiquement meublé. Ne vous souvient-il point de l’attachement particulier que j’eus pour un laquais de Mme de Grignan, seulement parce qu’il étoit de Vauréas, et que n’ayant point obligé un ingrat en sa personne, il se fit un devoir très-étroit de me revenir voir à Paris, où je n’eus pas l’avantage de le conserver longtemps parce que Paris n’eut aucun charme pour lui ? Et ne vous souvient-il point encore combien, étant à Grignan, je trouvois heureux les gens que je voyois aller à

  1. Lettre 1439. — 1. C’est-à-dire de chez Mme de Louvois. (Note de l’édition de 1751. Voyez ci-dessus, p. 232 et note 2.
  2. 2. Vaureas ou Valréas, petite ville du Comtat Venaissin où Mme de Simiane faisait quelquefois sa demeure depuis son mariage. (Note de l’édition de 1751.) Vauréas est entre Grignan et Nyons, au sud-est et tout près de Grignan, à huit lieues nord-est d’Orange : voyez ci-après, p. 343, fin de la note 2.