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1695 noëls de la messe de minuit. Pour moi, je compte demain d`aller dans mon couvent passer les Fêtes : je m'en fais un plaisir ; depuis trois semaines je suis toujours entourée de monde depuis le matin jusques au soir. Je suis fort mal contente du chevalier de Sanzei de ne pas faire son élément de la mer. Il n’est pas permis d’avoir des goûts quand on est un cadet de bonne maison sans bien, ou du moins il n'est pas permis de le suivre[1] .

Adieu, ma chère Madame : je vous aime trop pour croire légèrement votre retour. Hélas ! je me défie toujours de ce que je désire passionnément. L’oraison funèbre[2] n`est point encore imprimée ; je me charge de vous l'envoyer dès qu’elle le sera, quoique je sois persuadée que le P. Gaillard prendra ce soin-là lui-même.

Je suis versée il y a trois jours dans mon carrosse, qui a été tout fracassé et les glaces réduites en poussière. C’est un très-grand miracle de ce que je suis encore au monde. Vous auriez perdu une personne fort attachée à vous : ainsi, mon amie, remerciez Dieu de ce qu’il m`a conservée ; je vous en supplie.

Suscriptîon : À Madame, Madame la marquise de Sévigné. o À Grignan[3].

  1. 7. Le chevalier de Sanzei devint cependant capitaine de frégate, et périt dans un naufrage, le 1er janvier 1703. Voyez la lettre du 5 février 1703.
  2. 8. De l'archevêque de Paris, par le P. Gaillard.
  3. 9. L'original, dans le temps où on a copié la lettre, avait un cachet aux deux écussons de Coulanges et du Gué Bagnols.