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*1438. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ[1].

[À Paris,] le 23e de décembre.

La jolie chose de dater une lettre de Marseille ! la jolie chose de se porter assez bien pour faire des voyages ! la jolie chose d’être toujours aimable comme vous l’êtes ! mais la vilaine chose de me tromper ! car, mon amie, vous me trompez : vous ne reviendrez point ; je le sais par des personnes bien instruites ; vous aimez à abuser de ma simplicité, mais je ne suis pas si simple pour les choses qui me tiennent autant au cœur. Cependant il est certain que l’on vous dit vrai quand on vous assure que le retour du printemps est pernicieux pour Mme de Grignan, dans l’air subtil qu’elle respire. Mon oracle[2] est bien de cet avis.

Vous me donnez une grande idée de sa foiblesse par me conter qu’elle ne put se faire porter à la chapelle pour voir marier sa chère Pauline. Pour moi, je crois que si j’avois su le jour, je m’y serois trouvée : ne le pouvant, j’ai écrit à Mme la marquise de Simiane : lui avez-vous donné ma lettre, ma chère amie ?

Notre mariage est enfin résolu pour le lendemain des Rois[3]. La noce, selon toutes les apparences, se fera chez moi : je vous manderai dans peu de jours qui donnera le

  1. Lettre 1438. — 1.. Cette lettre, que nous donnons d’après une copie de l’original faite en 1826, a été écrite par Mme de Coulanges sur quatre petits feuillets détachés, dorés sur la tranche. — Voyez ci-dessus, p. 243 et 247
  2. 2. Helvétius.
  3. 3. Le mariage de Gabrielle du Gué Bagnols, cousine probablement de Mme de Coulanges, avec le marquis de Mornay. Voyez ci-dessus, p. 281, note 2, et la lettre suivante, p. 339 et note 5.