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des gouttes d’Angleterre[1], qui le ressuscitèrent ; mais on vient de me dire qu’il est retombé : c’est une grande perte ; il s’est trop épuisé à écrire ; on prétend qu’il s’est cassé la tête à ce dernier livre contre les quiétistes[2] ; ils n’en valoient, en vérité, pas la peine. Adieu, ma très-aimable : j’attends toujours de vos nouvelles avec impatience ; mais encore plus à présent, à cause de l’état où est Mme de Grignan.


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1437. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MONSIEUR DE POMPONE.

À Grignan, 24e novembre.

Que j’aurois de choses à vous dire, Monsieur, si je voulois repasser sur tous les sujets de tristesse que vous avez eus de votre côté et moi du mien ; le respect, la crainte de renouveler vos peines[3], et plus que tout la confiance que vous connoissez mon cœur, et comme il est sensible à tout ce qui vous touche, m’a retenue dans un

  1. 3. Le Dictionnaire de Trévoux donne diverses recettes des gouttes d’Angleterre. Dans deux de ces compositions il entre d’étranges ingrédients : du sel volatil de crâne humain, du sel volatil de sang humain, de vipères sèches, etc. On veut, dans l’une de ces recettes, que le crâne humain qu’on emploie soit celui d’un pendu ou au moins d’un homme mort de mort violente.
  2. 4. La Réfutation des principales erreurs des quiétistes (à Paris, 1695). — « Il s’épuisa, dit M. Sainte-Beuve, à relire de ses yeux affaiblis les ouvrages dont il voulait combattre la doctrine ; il avait à peine terminé son travail qu’il fut atteint de paralysie, le 11 novembre 1695 ; ses savants médecins et pieux amis, Dodart, Morin, Hecquet, accoururent, mais ne le purent sauver. Une seconde attaque l’emporta le 16, à l’âge de soixante-dix ans. » (Port-Royal, tome IV, p. 397.)
  3. Lettre 1436 (revue sur l’autographe). — 1. Pompone avait perdu un de ses fils en 1693. Voyez tome IX, p. 85, note 4, et 580, note 5.