1695
pérance de guérir. La duchesse de Villeroi reçoit ses visites dans son lit, jolie tout ce qu’on peut l’être : Je
fis, il y a deux jours, les honneurs de sa chambre avec
la maréchale de Villeroi. J’ai découvert à cette petite duchesse
un mérite qui lui fait bien de l’honneur dans mon
esprit, c’est qu’elle a un goût si naturel pour Mlle de
Grignan, qu’elle en est sincèrement occupée ; elle m’en
demande continuellement des nouvelles ; elle lui souhaite
tout le bonheur qu’elle mérite, mais elle ne veut consentir
à aucun mariage qu’elle ne soit assurée de la revoir
ici : enfin elle a des sentiments, elle a des pensées, c’est
un des miracles de Pauline. Je sais de ses nouvelles : on
dit que vous vous allez encore marier ; j’en suis ravie,
mon amie. Revenez donc toutes ; la vie est trop courte
pour de si longues absences : par rapport à la vie, les
plus longues ne devroient être que de deux heures. Je
vous envoie une lettre de Monsieur de Vannes[1], qu’il y
a en vérité trois mois qui est dans mon écritoire : je lui
en demande pardon ; car pour vous, je suis assurée que
vous l’aimez autant à l’heure qu’il est que quand elle a
été écrite. Adieu, ma très-aimable : mandez-moi vitement
que vous allez revenir, et que vous ne pouvez plus
souffrir la solitude de cette jeune marquise, qui comme
moi soupire après votre retour.
1431. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.
Momsieur de Lamoignon me montra hier une lettre de M. le chevalier de Grignan, qui m’apprit que Ma-
- ↑ 6. François d’Argouges. Voyez tome IX, p. 140, note 5.